La visite à la morgue de Fridolin, héros de la Nouvelle rêvée d'Arthur Schnitzler, est un passage clé de cette oeuvre. Une analyse en trois partie, sous forme d'un commentaire composé, nous permettra de dégager les principaux enjeux de ce texte.
[...] Sa peur est formulée et développée tout au long d'un paragraphe, ligne 75 à 84, sous la forme d'un récit narratif dans lequel sont introduites, au discours indirect libre, les pensées de Fridolin. Celui-ci redoute en fait que la justice, dont le jargon est présent expertise judiciaire l.75, affaire criminelle l.81, [être] cité comme témoin l.82-83, Tribunal l.84), ne se mêle de cette affaire et découvre qu'il y a joué un rôle. Son affolement est trahit par des interrogatives (l.78 qui sait si ce suicide était bien volontaire ? [...]
[...] Quant à l'ambivalence entre conscience et inconscience, qui est en permanence au centre de la nouvelle de Schnitzler, elle est représentée ici à la fois par une conscience aiguë des perceptions (auditives, notamment cf. le sol dallé résonnait sous ses pas l.4-5, le couloir sonore l.178, les dalles sonores l.215, l'évocation du son sauvage des accords du piano de Nachtigall l.233-234) et tout un ensemble de symboles freudiens qui laissent libre cours à une interprétation. Ainsi, quand Fridolin arrive dans le laboratoire où travaille son ami, la porte n'était pas fermée puis, lorsqu'il pénètre au sein même de la morgue, la porte est cette fois à moitié ouverte (l.86), ensuite, lorsqu'il sort de la morgue, le docteur Adler ferm[e] à clef derrière eux (l.180), et enfin, pour qu'il puisse retourner à l'air libre dans la rue, Adler doit lui ouvrir avec sa propre clef la porte d'entrée du laboratoire qui entre-temps avait été fermée (l.216-217). [...]
[...] des cours qu'il connaissait bien l.2, une odeur familière l.8, pays de connaissance l.9, son vieux copain d'études l.15-16, l'adjectif vieux insistant ici sur la pérennité de leur lien d'amitié) qu'il évolue dans un univers qu'il connaît bien, ce qui devrait le rassurer, la visite de Fridolin à la morgue, bien qu'il soit lui-même médecin, le rend excessivement nerveux. Fridolin semble en effet être sur ses gardes, ce que nous prouve une étude de l'onomastique. Ainsi, lorsqu'il évoque la mystérieuse inconnue qui s'est sacrifiée pour lui, il parle d'une certaine (l.55), d'une prétendue (l.57) baronne Dubieski, ces deux adjectifs indiquant qu'il souhaite faire croire qu'il connaît mal la jeune femme. [...]
[...] Cependant, plus qu'un enquêteur neutre, on pourrait apparenter Fridolin à la figure d'un criminel qui reviendrait sur les lieux de son crime. Fridolin avoue d'ailleurs à son ami avoir mauvaise conscience (l.47), sans doute car il se sent et se sait impliqué dans cette sordide histoire. Schnitzler détourne donc ici les codes du roman policier puisque le détective est à la fois un des suspects, étant donné qu'il a indirectement causé la mort de la baronne, ce qui explique sa nervosité et son appréhension de reconnaître le corps cela ferait de lui un ‘assassin'. [...]
[...] Le passage que nous allons étudier est extrait du chapitre six, qui est l'un des plus longs et des plus riches de la nouvelle. Il vient clore la longue enquête entreprise par Fridolin. Notre héros se retrouve ici à la morgue pour tenter d'identifier le corps de la jeune femme qui, lors de la soirée masquée, avait accepter de se sacrifier pour lui. Le lecteur s'attend donc à obtenir enfin des réponses aux questions qu'avait suscitées chez lui l'étrangeté des scènes précédentes. Toutefois, ce passage n'apporte que peu de réponse. [...]
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