Lai du Fresne, Marie de France, écriture médiévale, conte, symbolisme, vérité, renaissance, Religion, morale humaine
Par sa technique littéraire, Marie de France prouve sa capacité à transformer la tradition orale pour éluder l'oubli. En effet, le lai du Fresne, troisième de ce recueil, est mis en rime pour égaler la transmission, et parvient ainsi à faire demeurer l'histoire en conte. Composé de cinq cent dix-huit octosyllabes, le Fresne s'ouvre comme quelque chose que l'on entend, de « l'ouïe » vers la forme littéraire, le « dit ». Et si l'on quitte peut-être le merveilleux pour se rapprocher du réalisme d'une histoire foncièrement humaine, le texte n'en est pas moins cérémonial. On écoute à présent ce que l'autrice s'apprête à nous conter, « en suivant l'histoire qu'elle connaît ». Histoire qu'elle nous raconte sans nous révéler comment ni d'où elle la détient.
[...] Malgré que son amour lui ait été retiré pour être livré à une autre, elle reste en retrait, laissant les choses se faire sans se débattre : « La dameisele es chambres fu ; unques de quan qu'ele a veü ne fist semblant que li pesast tant que ele s'en curuçast. En tur la dame bonement serveit mult afaitieement. » - 380) Mais si Frêne semble s'effacer, le récit narratif nous mènera bientôt à sa justice, lorsque l'enfant rejetée, abandonnée, sera soudain sublimée. La noblesse de l'héroïne se déploie au fil des vers, après qu'elle ait d'abord été une victime délaissée. Les transformations à l'intérieur de ce lai, dévoilent l'importance des croyances populaires et des représentations pour les personnages. [...]
[...] Le lien indéfectible qui unit Frêne et tout ce que son nom porte de valeurs et de significations, permet au récit de se dérouler en alternant les basculements et transformations. Celle qui s'était vue abandonnée fut recueillie, elle devint une merveilleuse jeune femme et puis trouva l'amour. Mais, rattrapée encore par le mal, se voit arracher son promis au profit d'une autre. Et c'est ici que cet arbre sacré, presque magique, intervient à travers son nom afin de rétablir la vérité, pour que la fille rejetée se retrouve ainsi sublimée : « A grant merveile le teneient Cil r celes ki la veeint. [...]
[...] Autour du mariage s'articulent plusieurs notions, avec l'idée de délivrance : « Si s'en deliverat, ceo dit. Les noces tindrent richement. » (v.372 - 373). La bénédiction sera donnée (v.405 - 407) : « Pur lui honurer le faiseit : kar l'erceveskes i esteit pur els beneïstre e seignier ;» Et la révélation finale aura lieu devant témoins, au même titre que le serait un mariage : « Oiant tuz dist, nel ceile mie : « Tu es ma fille, bele amie » (v.449 - 450). [...]
[...] Marie de France fait un usage narratif d'objets matériels, et fonde l'identité de son héroïne grâce au thème de l'enfant abandonné qui finira par profiter d'un mariage heureux. Marie de France met en scène les notions de faute et de réparation, et nous livre peut-être le témoignage simple et véritable d'une époque. S'il fallait achever l'observation de cet extrait, il faudrait remarquer alors que ce lai réunit l'essence de l'écriture de Marie de France. Le récit est construit autour d`un secret, dont la révélation changera le destin des personnages. [...]
[...] La mère indigne abandonnant son enfant désormais se souvient et la retrouve. Le triomphe de la vérité On retrouve peut-être aussi l'importance de la vérité, qui surgit finalement et l'emporte sur le passé : « Bele amie, nel me celez [ . ] » (v431), il faut désormais savoir la vérité, même si l'on a soi-même engendré la trahison ou le mensonge. Le thème des enfants séparés de leurs parents depuis la naissance est récurrent, puisqu'on peut le retrouver par exemple dans le Milon. [...]
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