Frankenstein, Mary Shelley, transgression, interdit, châtiment, nature humaine, mythe
Ce commentaire de Frankenstein ou le Prométhée moderne vise à démontrer un développement du thème de la transgression en étudiant les sous-thèmes de l'interdit et du châtiment. Pour cela, l'analyse porte sur deux extraits :
- L'étincelle de vie, tiré des pages 77 à 82, de "L'un des phénomènes ayant particulièrement" à "voué le corps à la corruption".
- Damnation, tiré des pages 308 à 310, de "En songeant à l'oeuvre" à "je pourrai mourir".
[...] A travers le personnage et le sang « neuf » de ce héros, il s'adresse à la jeunesse anglaise. Mais il se double également d'une richesse de lecture supplémentaire, à travers une construction classique, qui est celle de la morale et du symbole. Basculant entre mythes et réalités, ce récit apparaît comme une leçon et semble au XXIe toujours porteur de réflexions sur les véritables aspirations humaines, les limites nécessaires et revitalise la question d'un « ordre » immuable indépassable. [...]
[...] Il s'agit d'une œuvre qui contrarie la Nature elle-même et donc la création dans ce qu'elle a de divin. Par ailleurs, lorsque le professeur mentionne dans une périphrase « le corps (livré) à la corruption », il fait allusion à l'oeuvre naturelle de la mort. Nous noterons, outre l'apparition croissante du « merveilleux », l'évocation d'un « ouragan » dans une comparaison ainsi que d'un « monde ténébreux » dans une métaphore puis, des éléments « déverser » et « torrent lumineux » qui opèrent une gradation, renvoient tous au dépassement et au renversement de la nature. [...]
[...] Il est, ensuite, condamné à la damnation éternelle. La punition est extrême pour Victor, notre héros : sa famille est détruite et il se perd finalement totalement lui-même au propre comme au figuré. C'est d'abord la peur qui l'agite comme lorsqu'il dit « j'avais une peur horrible de voir ce monstre ; mais plus horrible encore qu'Henry l'aperçût » puis une envahissante culpabilité « Je dormis, il est vrai, mais d'un sommeil troublé par les rêves les plus terribles( . [...]
[...] Mais, si la notion de limite apparait peu - il est fait référence une seule fois à celle de « la vie et la mort », il n'en reste pas moins que l'agitation mentale et la très forte « anxiété » ressentie par Victor témoignent d'un malaise grandissant au fil de ses recherches lorsqu'il s'exclame « une horreur et un dégout sans bornes m'emplissaient l'âme » à mesure qu'il s'apprête à atteindre son but. L'implicite est ici très fort car si le conflit est intériorisé, le personnage « tremble », cependant, bien avant sa création, tyrannisé, sans doute, par sa propre conscience. Mais pourquoi ? La référence récurrente au « Démon » est déterminante car elle est à comprendre au sens judéochrétien. [...]
[...] Frankenstein ou le Prométhée moderne, L'étincelle de vie et Damnation - Mary Shelley (1818) - Quel est le but ou la visée réelle de ce récit ? Si, selon les mots de Rabelais « science sans conscience n'est que ruine de l'âme », cet adage inspire aujourd'hui à chacun la distance nécessaire à mettre entre l'Homme et la technologie, le célèbre roman de la jeune écrivain anglaise Mary Shelley, Frankenstein, publié en 1818, illustre à merveille le conflit ambigu forgé, au sortir du Moyen Age et depuis l'avènement de la science des Lumières, entre l'Homme et sa création. [...]
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