Commentaire de texte niveau bac de français : extrait de "Voyage dans l'île des plaisirs" de François Fénélon.
[...] L'auteur en appelle à la modération dans la recherche des plaisirs. Cette fable présente toutes les caractéristiques d'une utopie. À travers des superlatifs et autres figures de style, l'auteur nous présente un univers fabuleux où l'on peut satisfaire à loisir son plaisir de la chère. Mais cet univers fabuleux n'amène pas forcément au bonheur, de la même manière que le pays d'Eldorado dans Candide de Voltaire le siècle suivant. L'auteur se sert de cet univers paradisiaque pour mieux dénoncer la pure recherche du plaisir dans l'excès pour mieux y présenter sa propre vision du bonheur basée sur la modération et la vertu. [...]
[...] Seulement, ce monde est-il si parfait que ça ? En vérité, assez rapidement, la fable montre des aspects moins attractifs de cet univers qui prépare la réflexion finale de l'écrivain qui va prendre appui sur la critique de cet univers pour exposer une morale. On sent déjà poindre des réserves de la part de l'auteur lorsqu'il insiste sur la recherche de plaisirs toujours plus forts lorsque les premiers sont présentés comme « fades ». Ensuite, on voit comment cette goinfrerie à laquelle s'adonnent les habitants les rend « d'une grosseur prodigieuse » au point que, image grotesque, le souffle qu'ils émettent vers la voile du bateau pendant qu'ils ronflent permet de le déplacer. [...]
[...] Le rêve aussi a quelque chose de faux, on est dans l'excès le plus complet avec des hommes à la fois oiseaux et poissons qui ne font que chanter et danser. Mais on voit aussi qu'ils s'énervent facilement et qu'ils sont faussement calmes : « il me répondit en me montrant le poing qu'il ne se mettait jamais en colère ». Ce rêve révélerait en quelque sorte le faux semblant sur lequel repose tout l'univers. On voit que la satisfaction infinie de ces plaisirs en amène à en rechercher de nouveaux dans une forme de blasement qui revient perpétuellement, inéluctablement : « je fus lassé d'avoir passée toute la journée à table comme un cheval à son râtelier », et l'on voit au passage la métaphore plutôt négative. [...]
[...] Le mot « utopie » est un mot créé par Thomas pour désigner d'après son étymologie grecque un lieu qui n'existe pas, le plus souvent univers parfait. Dans ce texte, nous retrouvons les topoï de l'utopie. C'est un univers lointain « après avoir longtemps vogué sur la mer pacifique ». On y voit également un parallèle avec le Pérou, lieu traditionnelle des utopies. L'univers présente toutes les caractéristiques de l'utopie que mettent en valeur de nombreuses figures de style, des énumérations par exemple « des montagnes de compote, des rochers de sucre candi et de caramel, des rivières de sirop ». [...]
[...] Pour profiter de tous ces festins, on trouve même des marchands d'appétit et des marchands de rêves où les hommes sont à la fois poissons et oiseaux, ne font que chanter et danser. L'univers exposé dans cette fable présente donc bien tous les aspects d'un monde idéal. On peut y manger à loisir. Une profusion des meilleurs mets se présente à nos papilles. On peut se racheter de l'appétit pour mieux profiter de ce festin. On peut même y acheter du sommeil et des rêves. [...]
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