Francis Ponge (1899-1988) publie en 1942 un recueil de poèmes Le parti pris des choses qu'il appelle lui-même des "poèmes objets". Très jeune, il a le goût d'écrire, après avoir fréquenté durant ses études brillantes, des écrivains classiques ou modernes. Il témoigne dans ce recueil de son rejet de l'humanisme qui centre tout sur l'homme et de son refus du lyrisme (expression des sentiments personnels). Le poème "L'huître" vise à nous présenter de façon à la fois précise et inattendue un animal muet que nous découvrons avec lui. A travers cette "définition description" de l'huître, nous verrons le travail d'écriture poétique de l'auteur (...)
[...] Un être ambivalent - Un être intermédiaire entre l'inanimé et l'animé L'huître est un être vivant que le poète traite pourtant dans un recueil consacré à des choses L'huître est tantôt considérée comme une chose : un galet un firmament Un sachet Une dentelle L'huître est tantôt considérée comme un être animé : Le poète nous parle d'un monde opiniâtrement clos qui nous suggère un être doué d'une volonté propre. La vie est présente aussi dans le deuxième paragraphe à travers les verbes de mouvement les cieux . s'affaissent ils vont former une mare, le sachet flue et reflue L'huître à un gosier, organe des êtres vivants - Un intermédiaire entre simple et complexe L'huître ressemble à première vue à un galet moyen l'adjectif moyen peut être aussi interprété comme simple, banal. [...]
[...] - Un être qui suscite des réactions opposées. L'huître provoque des sensations tantôt désagréables : Elle est rugueuse au toucher. Cette rugosité est aussi suggérée par les sonorités en bre gre fre tr Elle blesse les doigts Le sachet est visqueux Une mare qui peut suggérer l'eau stagnante avec une odeur pas forcement agréable surtout associée à la couleur verdâtre Les adjectifs de couleur la qualifiant ont tous un suffixe péjoratif en âtre blanchâtre verdâtre noirâtre ces adjectifs on la syllabe tre commune avec le mot huître, ils rappellent donc l'huître par la vue mais aussi par l'ouie. [...]
[...] Il est également consacré aux moyens de l'ouvrir. L'adverbe d'opposition pourtant ainsi que le verbe on peut nous prépare au deuxième paragraphe en montrant sa confiance dans la capacité à résoudre le problème de la fermeture de l'huître. Le deuxième paragraphe nous présente l'intérieur du mollusque Le dernier paragraphe nous fait appel à un organe précis le gosier - Une approche méthodique, expérimentale Francis Ponge a une démarche qui rappelle la méthode scientifique de l'expérience avec une notice, un mode d'emploi pour réaliser l'expérience. [...]
[...] Dans la genèse, premier épisode de la bible il est dit que pour séparer les eaux les unes des autres, Dieu fit le firmament qui appela ciel. Cette voûte céleste solide sépare les eaux sur la terre des eaux supérieures, réserves de pluie. L'huître crée elle-même son firmament sa protection solide qui l'entoure complètement au dessus et en dessous, et donc crée 2 cieux avec au milieu le mélange liquide qui la compose. L'huître une allégorie de la création poétique Tout en nous décrivant l'huître à l'aspect peu attrayant que l'on connaît, Ponge nous la fait voir comme un animal merveilleux lui-même créateur de poésie. [...]
[...] L'exactitude et la rigueur de l'expression, l'amènent à révérer La Fontaine, qu'il se choisit pour modèle. Son ambition est d'atteindre la perfection littéraire à travers l'économie de moyens au point d'arriver à la forme des maximes, des proverbes ou des dictons, citant en exemple le vers tiré de la fable Le Lion et le rat : "Une maille rongée emporta tout l'ouvrage" (Entretiens avec Philippe Sollers). A la découverte de l'huître : une description-définition Un texte présenté comme une définition Plusieurs éléments donne à ce poème l'allure d'un article de dictionnaire : Le titre huître avec le mot huître repris au début de texte. [...]
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