« France, mère affligée » d’Agrippa d’Aubigné

Résumé du document

Poète protestant, Agrippa d'Aubigné a combattu pendant les guerres de religion et incarne à lui seul le mouvement baroque. A la fin du XVIe siècle, il publie Les Tragiques, un ouvrage faisant référence aux guerres de religion. Son oeuvre, une épopée grandiose de neuf-mille vers se divisant en sept chants, met en scène le malheur des Protestants par l'intermédiaire d'une multitude de figures de style illustrant parfaitement le mouvement baroque de par leur exubérance et la richesse de leurs effets dramatiques.

L'extrait de « Misères » est un véritable tableau qui laisse apparaître la souffrance d'une mère seule face à l'agonie brutale de ses deux fils qui se déchirent en permanence.
De quelle façon le poète parvient-il à combattre les guerres de religion tout en montrant la violence engendrée par ces dernières ?

Extraits

[...] Le discours direct confère à cet extrait un effet de réalisme. Le concret et l'abstrait se conjuguent parfaitement, afin d'insister lourdement sur la douleur et la souffrance engendrées par les guerres de religion. Le passage développe simultanément plusieurs registres : épique (au travers des références bibliques, de l'opposition systématique des deux personnages et de la profusion génerée par l'omniprésence de la violence et du combat), pathétique (au travers de la douleur engendrée par la brutalité des affrontements) et satirique (au travers des exagérations qui viennent dénoncer la violence) ; ce qui permet au texte de provoquer la réaction du lecteur, afin que celui-ci puisse prendre conscience de la gravité et de l'absurdité de telles guerres. [...]

[...] L'allitération en vivez du venin montre parfaitement qu'elle a conservé son instinct maternel jusqu'à la fin. En outre, à force de combats et de détermination, les bessons finissent par perdre leur caractère humain. En effet, la sentence vivez du venin, sanglante géniture confère un caractère inhumain à nos deux nourrissons. L'allitération en mais leur rage les guide et leur poison les trouble est la preuve irréfutable que les enfants se retrouvent progressivement atteints puis aveuglés, tant physiquement que mentalement, par la folie. [...]

[...] Jacob, protestant, est assimilé à quelqu'un de juste, dont le seul intérêt est de se défendre. Celui qui a le droit, la juste querelle Au contraire, Esaü est montré du doigt par l'auteur car, selon ses propos, il viole sans cesse les droits de la nature et provoque du même fait le malheur de son frère. Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux Jacob se retient de courir au combat, tel le précise la sentence il dompte en son cœur son ennui alors qu'Esaü est prêt, au péril même de sa vie, à tout, afin d'obtenir raison de son propre frère. [...]

[...] En effet, le champ lexical de la souffrance est présent dans ce passage au travers des termes suivants : affligée malheureux soupirs ardents pitoyables cris pleurs réchauffés douleur succombe eplorée malheur Les expressions qui marquent la violence liée à la guerre au travers de l'affrontement sont récurrentes : coups poings pieds rage combat sang sanglants ruine ensanglanté sanglante dechirés mi-morte crèvent poison conflit courroux L'allitération en fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux insiste sur la cruauté de la scène. L'expression un combat dont le champ est la mère inspire la vengeance de Jacob. Le rythme binaire fait entendre le combat, les coups échangés par les deux frères. Esaü est accusé, outre son orgueil, de violer les lois naturelles : violent voleur orgueilleux brise le partage Il n'a pas de sentiments propres à l'égard de son besson. [...]

[...] Commentaire littéraire du poème France, mère affligée d'Agrippa d'Aubigné Commentaire littéraire du poème France, mère affligée d'Agrippa d'Aubigné. Poète protestant, Agrippa d'Aubigné a combattu pendant les guerres de religion et incarne à lui seul le mouvement baroque. A la fin du XVIe siècle, il publie Les Tragiques, un ouvrage faisant référence aux guerres de religion. Son œuvre, une épopée grandiose de neuf-mille vers se divisant en sept chants, met en scène le malheur des Protestants par l'intermédiaire d'une multitude de figures de style illustrant parfaitement le mouvement baroque de par leur éxubérance et la richesse de leurs effets dramatiques. [...]