En 1925, Albert Londres décide d'aller faire un tour chez les fous, voir ce qui s'y passe. Dans son ouvrage, Albert Londres décrit à mesure qu'il les voit les maltraitances dont sont victimes les malades. Il explique bien que le but des asiles psychiatriques n'est pas de soigner « les fous » mais de les tenir à l'écart de la bonne société. Il s'en prend également à la loi de 1838 qui donne les pleins pouvoirs au psychiatre, qui est donc libre d'enfermer quelqu'un à perpétuité si bon lui semble.
L'image que nous renvoie le passage étudié est des plus scandaleuses et elle donne une idée des pratiques de l'époque. En même temps que le journaliste, le lecteur est d'abord étonné, puis horrifié face à cette scène aberrante. C'est ce sentiment que j'ai tenu à mettre en exergue et à partager avec vous, car c'est le sentiment qui poursuit le lecteur tout au long de l'ouvrage.
[...] Onze femmes ficelées sur onze chaises. Pour quel entrepreneur d'épouvante étaient-elles en montre ? Cela pleurait ! Cela hurlait ! Leur buste se balançait de droite à gauche, et, métronome en mouvement, semblait battre une mesure funèbre. On aurait dit de ces poupées mécaniques que les ventriloques amènent sur la scène des music-halls. Les cheveux ne tenaient plus. Les nez coulaient La bave huilait les mentons. Des étangs se formaient sous les sièges. Dans quel musée préhistorique et animé étais-je tombé ? [...]
[...] Cette loi donne lieu à des injustices incroyables. Des gens sains se retrouvent ainsi enfermés durant de longues années, prisonniers de la loi bien plus que de leur folie imaginaire. Quant aux vrais malades, ils n'ont aucun moyen d'aller mieux, puisque leur folie n'est pas traitée, au contraire, on apparente leur folie à une maladie incurable. D'autre part, les asiles sont des lieux insalubres, vétustes, et qui ne bénéficient pas du progrès de la science, la plupart n'ayant ni électricité ni eau courante. [...]
[...] Dans ce chapitre, Albert Londres se trouve dans un asile de femmes tenu par des Sœurs. Ces dernières ne semblent pas compatir outre mesure à la souffrance de leurs résidentes, au contraire, elles les considèrent comme des filles du Diable On perçoit à travers ce passage que si le journaliste n'avait pas vu cette scène de ses propres yeux, il n'y aurait pas cru, tant cela semble invraisemblable. Il dit d'ailleurs c'était inattendu et incompréhensible Onze chaises sur lesquelles sont ficelées onze femmes, comble de l'horreur. [...]
[...] On devrait les aider à sortir de leur malheur, on les punit d'y être tombés C'est bien de cela qu'il s'agit et ce passage est emblématique, les sanctions remplacent les soins. Les malades sont mis au ban de la société pour protéger celle-ci de leurs nuisances. En entrant chez les fous Albert Londres a pris le risque de perdre ses nombreux lecteurs qui, de prime abord, ne s'intéressent pas à ce sujet. Pourtant, cette enquête a un véritable rayonnement. Elle a permis l'amélioration des conditions d'internement mais surtout une prise de conscience de ce phénomène jusque-là obscur. [...]
[...] Ce sont les grandes gâteuses qui ne savent plus se conduire. Qu'on les laisse au lit ! On les attache parce que les asiles manquent de personnel. Tout de même ! Ce passage est intéressant à étudier pour deux raisons. D'une part, il résume bien les mauvaises conditions de détentions des malades même s'il s'agit ici d'un cas extrême. D'autre part, il souligne bien l'indignation de l'auteur. Il n'est pas aisé de ne retenir qu'un passage dans tout l'ouvrage, mais celui-ci est un des plus marquants dans la mesure où à sa lecture, on ne peut pas rester indifférent. [...]
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