"Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être" écrit La Fontaine dans Le pâtre et le Lion. Jean de La Fontaine est un auteur classique du XVIIème siècle, auteur protégé du Roi Louis XIV, il compose un certain nombre de fables à des fins moralisatrices, dont Les obsèques de la Lionne publiée en 1687. Sa citation met en avant le but réel et la portée que peut avoir les fables à travers une simple histoire rappelant les contes pour enfants. Trois grands mouvements se distinguent dans cette fable : du vers 1 au vers 16 c'est la scène d'exposition et la première fois que La Fontaine mentionne les courtisans, ciblent de la satire. Puis les vers 17 à 23 sont à l'écart du reste de la fable dans la mesure où le narrateur intervient et donne son point de vue sur ces courtisans. Les vers 24 à 38 laissent apparaitre l'élément perturbateur de la cérémonie et donc de la fable : le cerf. Un quatrième mouvement se détache des vers 39 à 51, le plaidoyer du cerf et le dénouement final. Puis la morale de la fable du vers 52 jusqu'à la fin.
Comment La Fontaine parvient-il à travers son style d'écriture à émettre une critique de la cour royale, et puis précisément la flatterie hypocrite des courtisans envers les puissants ?
Les obsèques de la Lionne, le mot "obsèques" vient du latin obsequia qui signifie le convoi, suivre le convoi. C'est un ensemble de cérémonies. Ce terme regroupe donc plus largement les hommages funéraires qui accompagnent le décès. Ce terme peut être choisi par son aspect plus large qu'un simple enterrement. Il peut aussi être choisi pour mettre en valeur l'importance du défunt. Les obsèques sont la marque de la puissance du défunt : ici, celles de la lionne se doivent d'être accompagnées de faste, c'est une cérémonie pompeuse. Cependant dès le premier vers, l'auteur reprend la mort de la lionne, il écrit "la femme du Lion mourut", avec une diérèse au mot "lion" pour insister sur la personne royale qu'il représente. Il utilise le verbe "mourir" il n'y a plus cette marque de respect qui pouvait être relevée dans le mot "obsèques". Il utilise la graphie pour insister, un simple octosyllabe : court et direct. Il présente la fable, ce vers pourrait être lu comme le deuxième titre de la fable, un titre qui annonce la critique des courtisans qui s'ensuit et qui contraste le titre officiel (...)
[...] De cette manière La Fontaine critique les coups bas qui sont de mise entre courtisans. Rire est le manque de respect ultime à des funérailles, surtout royales et de la part de la cour. Le roi entre donc dans une rage terrible, ce qui accroit le caractère comique de ce personnage qui passe des pleurs à la colère la plus extrême. Le narrateur compare cette rage aux paroles de Salomon Comme fait un rugissement de lion, ainsi la peur qu'inspire le roi : Salomon compare la peur inspirée par le roi au rugissement d'un lion, et le narrateur l'utilise pour montrer qu'il y a pire que la colère d'un roi, la colère d'un roi lion. [...]
[...] La lionne fait aussi une allusion à son mari, J'y prend plaisir Par ces paroles le cerf flatte le roi : la lionne est heureuse de la cérémonie menée par le roi. Cette fable a le succès escompté, il est possible de faire un parallèle avec une autre fable de La Fontaine, dans Le pouvoir des Fables, l'orateur parvient à captiver son auditoire indiscipliné en racontant une histoire. Le cerf a ici la même démarche. Son discours remporte un franc succès, la cérémonie s'écrie Miracle, apothéose ! [...]
[...] Sa conclusion est stricte, un aspect renforcé par la graphie choisie. Il introduit sa conclusion par c'est bien là et reprend ce qu'il a dit auparavant à propos des courtisans agissant comme des animaux. Il insiste donc sur la mimétique des courtisans vis-à-vis de leur maitre, et indique que les gens sont de simples ressorts C'est une allusion à la théorie cartésienne selon laquelle les animaux agissent comme des machines, car ils sont dépourvus de raison. Les courtisans ont une raison cependant ils se contraignent à s'abaisser à l'état de bestialité des animaux. [...]
[...] Ce sont des machines destinées à imiter l'homme, ils imitent les lamentations du roi, ce sont des machines à se lamenter. Tout comme les pleureuses de l'Antiquité Grecque : ces femmes qui étaient dépêchées à toutes les funérailles, concernées ou non par la mort du défunt, elles devaient se lamenter, pleurer, s'arracher les cheveux. Les courtisans peuvent donc être assimilés à des pleureuses grecques, cependant le cas des courtisans est encore plus condamnable, car ils sont dans une situation de mimétisme. [...]
[...] Peut être La Fontaine tente ici de tourner en dérision la figure royale. Il ne nomme l'objet de sa satire c'est-à-dire les courtisans pour la première fois seulement au vers 17, ils sont nommés avec un respect qu'il est possible d'interpréter comme ironique Messieurs les courtisans Ils sont là dans l'ombre du roi, ils l'imitent à son exemple Les courtisans sont ici dans une situation de mimésis, ils n'ont pas un comportement qui leur est propre et se contentent d'imiter. [...]
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