Sous influence précieuse et pour briller dans les salons plus que pour enseigner des règles de vie à ses lecteurs, LF « choisit et met en vers » (sous-titre du recueil) certaines fables d'Esope et les « égaie », gaîté qu'il définit comme non pas « ce qui excite le rire » mais « un certain charme, un air agréable que l'on peut donner à toutes sortes de sujets même les plus sérieux »
Comment La Fontaine réussit-il à faire sortir la fable de son carcan moraliste et didactique pour la rendre attrayante et ironique ? Comment fait-il d'une démonstration de l'existence de la Providence un trait d'humour ?
Le second degré de cette fable tient au fait qu'elle est surtout une farce au sens médiéval du terme, une représentation théâtrale. Le nom du personnage Garo est d'ailleurs homonyme de Matthieu Gareau, personnage paysan du Pédant joué de Cyrano de Bergerac. Ce procédé de mise en scène réside d'une part dans l'attitude du narrateur qui décrit simplement l'action, sans la commenter ni l'interpréter ; d'autre part dans le discours et les actions du personnage qui produisent des effets visuels comiques grossiers.
[...] La plupart du temps, cette opposition est symbolique, rappelle un affrontement que l'on trouve dans la nature (Loup et Agneau), instaure une relation de domination qui va être renversée dans la fable. Ici, il n'y a pas de franche opposition, au contraire, il y a une similitude de forme entre gland et citrouille, mais une simple différence d'échelle, de proportions Autre anomalie : les deux éléments du titre ne sont pas des personnages animés (animaux ou humains) ce qui n'empêche pas le Chêne et le Roseau d'être doués de parole et d'être au centre de la Fable, mais le Gland et la Citrouille ne sont pas acteurs de la fable qui devrait plutôt s'appeler Dieu et le paysan Ces deux végétaux constituent le décor de la fable/farce, la citrouille absolument immobile et le gland ne faisant que tomber, mais jouant inconsciemment par leur passivité même le rôle de preuves de la Providence. [...]
[...] Garo représente-t-il l'attitude du narrateur avant son expérience de l'existence de la Providence ? Un retour en arrière semble s'opérer : le spectacle commence, le narrateur plante le décor et indique les didascalies imaginaires -1er monologue de Garo à 19) Le narrateur omniscient nous a expliqué la cause de la perplexité de Garo en faisant apparaître une opposition certes lexicale gros/menue mais non logique puisque la citrouille pousse sur des tiges rampantes et non sur un arbre comme un gland, donc pas de nécessité d'avoir une tige proportionnelle au fruit, ce qui n'est jamais indiqué dans la fable. [...]
[...] Au premier degré, cette périphrase, on l'a dit, désigne Dieu et exprime le détachement de Garo à son égard. Au second, l'Auteur est l'écrivain, le poète, ce qui n'est pas contradictoire, car le Dieu de Garo, celui qui le fait rentrer et sortir de la scène de la fable, qui le fait s'endormir alors qu'il vient d'annoncer son insomnie, celui qui lui fait tomber un gland sur la tête pendant son sommeil, c'est La Fontaine, le poète. Le Gland et la Citrouille met en scène les rapports créateur/ personnage, poète/ poésie. [...]
[...] La Fontaine, Le gland et la citrouille Introduction Situation - Naissance de la fable aux VIIe-VIe siècles av. J.-C. avec Esope, esclave grec de Samos Inspire latins Phèdre (1er ap JC) et Avianus (IV-Ve siècles ap JC) Désert poétique du XVIIème siècle après exhubérances de la Pléiade, Réédition de la traduction des Fables d'Esope en 1660. Fables d'Esope en prose dont le principal ornement est d'en avoir aucun comme le dit Olivier Patru cité par LF dans la Préface aux Fables - Sous influence précieuse et pour briller dans les salons plus que pour enseigner des règles de vie à ses lecteurs, LF choisit et met en vers (sous-titre du recueil) certaines fables d'Esope et les égaie gaîté qu'il définit comme non pas ce qui excite le rire mais un certain charme, un air agréable que l'on peut donner à toutes sortes de sujets mêmes les plus sérieux Projet de lecture Comment La Fontaine réussit-il à faire sortir la fable de son carcan moraliste et didactique pour la rendre attrayante et ironique ? [...]
[...] indication nécessaire, car on n'imagine pas qu'un gland puisse blesser, et extériorise ses réflexions Garo invite le lecteur à se repasser la scène qui vient de lui être racontée en remplaçant le gland par une citrouille, c'est-à-dire en se replaçant dans son optique de départ de Dieu potentiel, dans une phrase longue de 24 syllabes s'étalant sur trois vers (v.27-8-9) qui rappelle la phrase du prologue (v. et lui répond dans une allitération en ou jusqu'à la fin , qui évoque le soulagement (un ouf final) - Epilogue (v. 32-33) Garo admet l'omniscience de Dieu en matière de placement des citrouilles et des glands (v. 30) mais pas au-delà, il ne généralise pas. C'est la conclusion qui le fait à sa place en étendant sa soumission à toute chose (v. [...]
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