Ce qui domine dans Hamlet, c'est l'incertitude quant à la réalité et à la vérité. Ainsi, le langage, par exemple, devient une énigme permanente dans la bouche du héros. Les problèmes de la communication avec les vivants et les morts, tout comme la relativité des certitudes, deviennent générateurs d'angoisses parce qu'ils risquent de déboucher sur le néant. Ils débouchent ici sur la folie de Hamlet.
La question au centre de la pièce est aiguë et simple. Elle pourrait se résumer en ces termes : lorsqu'on est pris dans un symptôme, dans un trauma (et le spectre en est un), dans une forme trop réelle de son identité, comment faire pour que cela n'aboutisse pas à la fermeture totale de l'espace, au massacre de soi et des rencontres avec le monde ?
[...] LE ROI : Hamlet, cette action, pour ta propre sécruité, Que nous chérissons autant que nous nous affligeons De ce que tu as fait, exige que tu partes d'ici la vitesse du feu]. Équipe-toi. Le bateau est prêt, le vent favorable, Tes compagnons t'attendent, et toute chose est disposée Pour l'Angleterre. (p.247) Or, son affection est hypocrite, puisqu'il dit juste après : Soyez sur ses talons. Attirez-le vite à bord, Sans délai, car je veux le voir parti ce soir. Loin ! Car est scellé et conclu Qui se rapporte à cette affaire. [...]
[...] Toutefois, il semble qu'Ophélie ne se débatte pas. Voici comment nous est relatée sa mort : LA REINE : [ ] Votre sœur s'est noyée, Laërte. LAËRTE : Noyée ? Mais où ? LA REINE : Un saule pousse en travers du ruisseau [ ] Là, aux rameaux inclinés, se haussant pour suspendre Sa couronne de fleurs, une branche envieuse cassa, Et ses trophées herbeux comme elle Sont tombés dans le ruisseau en pleurs. Ses vêtements s'ouvrirent, Et telle une sirène, un temps, ils l'ont portée, Cependant qu'elle chantait des bribes de vieux airs, Insensible à sa propre détresse, Ou pareille à une créature née dans cet élément Et faite pour y vivre. [...]
[...] Il ne s'insère pas étroitement dans la conversation. La seule fois où il prend part à un véritable échange est lorsqu'il interroge Horatio et ses compagnons (Acte scène p.69-71, nous avons à faire à un dialogue uniquement constitué de phrases courtes, véritables stichomythies) : HAMLET : Armé, dites-vous ? TOUS : Armé, mon seigneur. HAMLET : De pied en cap ? TOUS : Mon seigneur, de la tête aux pieds. HAMLET : Vous n'avez donc pas vu son visage ? [...]
[...] C'est même ce qui retient notre intérêt et notre admiration pour ce personnage devenu mythique. L'intellectualisme et la verve de Hamlet créent un véritable décalage entre lui et les autres personnages. Cela contribue à mettre en relief notre héros dramatique. Dès qu'il paraît dans une conversation, il y a du jeu dans les engrenages, comme cela nous est indiqué dès le tout début de la pièce : LE ROI : [ ] Mais vous Hamlet, mon neveu et mon fils HAMLET : Un peu plus que neveu, moins fils que tu ne veux. [...]
[...] Suhamy Henri, Hamlet (1600 environ), Shakespeare : résumé, personnages, thèmes, ouvrage collectif, Paris, Hatier Toudoire Surlapierre Frédérique, Hamlet, l'ombre et la mémoire, Monaco, Éd. du Rocher Document audio La folie selon Pirandello. Nadja d'André Breton. Les fous de Shakespeare. Folie tragique dans le théâtre français. La folie des césars. Chance et malchance de la folie selon Erasme. Les folies de Platon. [...]
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