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1) un récit complet en vers : la fable est composée de 14 vers, l'équivalent d'un sonnet, alternant octosyllabes (deux premiers vers par exemple), et alexandrins (vers 3 par exemple). Ils sont également répartis, sept chacun. Tous les schémas de rimes sont utilisés : les rimes des quatre premiers vers sont croisées, les deux suivants utilisent des rimes plates, puis les quatre suivants des rimes embrassées, tandis que les quatre derniers proposent à nouveau un schéma de rimes alternées. On remarque qu'elles alternent toujours le genre, et que les dernières (vers 10-15) comportent toutes le son [i], ce qui peut faire penser au rire moqueur du singe qui vient de donner la leçon. Le récit très concis nous présente d'abord la guenon, insistant sur sa candeur, "jeune guenon". La noix incarne la perturbation, l'objet convoité et qui se refuse, provoquant la "grimace" de l'animal, et le rire du lecteur par ce jeu de mots. Elle se méprend et blâme sa mère, puis "jette la noix". Le singe, plus malin, la ramasse et la mange, ce qui constitue la résolution. Enfin il donne une leçon à la guenon, et non la noix ouverte.
2) la variété des discours et de la syntaxe : la fable utilise plusieurs discours, le récit au passé simple dans les deux premiers vers, ce qui invite à penser qu'il s'agit d'un conte, mais la narration est ensuite au présent dans le vers 3, lui donnant un aspect plus tangible et démonstratif. Le discours direct alterne avec le récit, mais dans les premières paroles de la guenon, vers 3-5, c'est un récit au passé à nouveau qui relate les paroles de sa mère, tandis qu'il y a aussi utilisation du discours indirect dans le vers 5. Les paroles de la guenon sont ensuite rapportées au présent, vers 6-7. Le présent de narration, quant à lui, est à nouveau utilisé dans les vers 8-10, très ponctués, et la fable se termine avec le discours direct du singe, au présent de vérité générale, qui argumente en terminant par une maxime, vers 14 (...)
[...] Ainsi la fable La guenon, le singe et la noix nous offre un récit concis et plaisant pour nous démonter la maladresse d'une certaine candeur, et peut être bien davantage. Nous essaierons de montrer en quoi cette courte fable utilise toutes les ressources du genre pour parvenir à toucher le lecteur. Dans un premier temps, nous pourrons ainsi analyser le caractère plaisant de ce récit en forme d'apologue, puis nous étudierons ensuite la dimension didactique de ce texte. I Un récit plaisant en forme d'apologue : un récit complet en vers : la fable est composée de 14 vers, l'équivalent d'un sonnet, alternant octosyllabes (deux premiers vers par exemple), et alexandrins (vers 3 par exemple). [...]
[...] Elle se méprend et blâme sa mère, puis jette la noix Le singe, plus malin, la ramasse et la mange, ce qui constitue la résolution. Enfin il donne une leçon à la guenon, et non la noix ouverte. la variété des discours et de la syntaxe: la fable utilise plusieurs discours, le récit au passé simple dans les deux premiers vers, ce qui invite à penser qu'il s'agit d'un conte, mais la narration est ensuite au présent dans le vers lui donnant un aspect plus tangible et démonstratif. [...]
[...] Les paroles de la guenon sont ensuite rapportées au présent, vers 6-7. Le présent de narration, quant à lui, est à nouveau utilisé dans les vers 8-10, très ponctués, et la fable se termine avec le discours direct du singe, au présent de vérité générale, qui argumente en terminant par une maxime, vers 14. Par ailleurs, on constate aussi une variété des types de phrases, déclaratives, vers 1-3 par exemple, exclamatives, vers impératives, vers 6 et 13, ou encore négatives, vers 14. [...]
[...] La guenon incarne l'ignorance, l'irrespect envers les adultes, comme en témoignent l'emploi de l'impératif (vers et imprécation Au diable soit le fruit ! mais aussi les préjugés. Au contraire, le singe est avisé, malin, et représente la raison et l'expérience. Les deux animaux répondent ainsi exactement à leur archétype commun et populaire. une morale explicite : la fable présente de manière classique une morale explicite dans les deux derniers vers, sous la forme d'une maxime renforcée par le rythme régulier de l'alexandrin final, qui est un tétramètre, et par l'anacoluthe du vers 13. [...]
[...] Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), Fables La guenon, le singe et la noix Une jeune guenon cueillit Une noix dans sa coque verte ; Elle y porte la dent, fait la grimace . Ah certes Dit-elle, ma mère mentit 5 Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes. Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit ! Elle jette la noix. Un singe la ramasse, Vite, entre deux cailloux la casse L'épluche, la mange et lui dit : Votre mère eut raison, ma mie, Les noix ont fort bon goût ; mais il faut les ouvrir. [...]
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