Baudelaire, Les Fleurs du Mal, commentaire de texte, poésie, poète, poème, figures de style, lecture analytique
Dans le Soleil, Baudelaire commence par créer dans notre imagination le décor de son poème aux quatre premiers vers. Ainsi, nous nous retrouvons au XIXe dans un faubourg pauvre, à la fois proche de la ville et de la campagne, dans les heures les plus chaudes et ensoleillées de l'été. La pauvreté est induite par l'évocation des faubourgs, qui étaient au XIXe siècle des quartiers pauvres, surpeuplés et sales qui ceinturaient les villes, Baudelaire rajoutant la vétusté au faubourg en précisant que ce dernier est « vieux » (vers 1). La pauvreté est aussi induite par le fait que le faubourg est constitué de masures, c'est-à-dire de maisons misérables ou délabrées, auxquelles Baudelaire fait pendre des persiennes, le verbe "pendre" donne une certaine idée de lassitude à la physionomie du faubourg.
[...] Le combat du poète, vers 5 à 8 Baudelaire apparait à travers le « je » du vers cinq et avec lui les poètes en général. Cette apparition du poète seul en pleine ville est à mettre en relation avec les correspondances verticales si chères à Baudelaire : le poète, le seul parmi ses semblables à être conscient de leur existence, saisit l'occasion et sort de chez lui pour réaliser son sacerdoce, tandis que les autres calfeutrés derrière les persiennes ne comprennent que les synesthésies. [...]
[...] Pour ce faire, il le personnifie au vers neuf : « ce père nourricier », cette personnification va être poursuivie par la fonction de sujet qu'il occupe pour tous les vers de la strophe et en ayant pou adjectif « ennemi des chlorose ». L'attribut dévolu au soleil, c'est justement cette capacité qu'il a de faire naître et croitre la vie. En effet, ses rayons reverdissent les chloroses qui sont des décolorations sur les végétaux due au manque de chlorophylle (donc de soleil). [...]
[...] Ainsi, le soleil par sa chaleur et sa lumière et le poète par sa poésie ennoblit tout ce qu'ils croisent, ils règnent avec toute leur majesté l'un au firmament du ciel, l'autre au firmament de l'art (donc de l'idéal) et ce malgré le fait qu'ils n'aient pas les attributs royaux traditionnels (cours et trompettes), et enfin tous deux éclairent leur monde sans soucis de rang. Cette comparaison jette une nouvelle lumière sur la strophe précédente : lors ce que l'on prend le portrait du soleil et qu'on substitue ce dernier par le poète, on se rend compte qu'il lui va parfaitement. Ainsi toutes les bonnes choses qui sont attribuées au soleil sont dévolues par Baudelaire à être également attribuées au poète. C'est ainsi que l'auteur des Fleurs du Mal transforme le soleil en symbole du poète. [...]
[...] Les fleurs du mal, Le soleil - Charles Baudelaire (1857) - En quoi cet astre solaire est-il un peu le symbole d'un travail poétique à la fois marginal et difficile ? La création du décor, vers 1 à 4 Dans le Soleil, Baudelaire commence par créer dans notre imagination le décor de son poème aux quatre premiers vers. Ainsi, nous nous retrouvons au XIXe, dans un faubourg pauvre, à la fois proche de la ville et de la campagne, dans les heures les plus chaudes et ensoleillées de l'été. [...]
[...] On voit devant nous l'exemple d'une correspondance verticale (vers 5 à : Baudelaire donne des coups, cherche dans les coins autour de lui son ennemi, trébuche sur les pavés, et heurte son ennemi en produisant de la poésie, à l'image d'un poète-bretteur comme dans Cyrano de Bergerac (Edmond Rostand, 1897) quand dans la quatrième scène de l'acte premier Cyrano se bat contre le Vicomte de Valvert tout en composant une ballade et le heurte à mort au dernier vers. Mais l'effet des correspondances verticales transforme ce combat physique en lutte pour l'idéal artistique : Baudelaire s'affranchi de l'épée, des pavés et du sang pour passer dans les choses spirituelles, il ne cherche plus son ennemi mais des vers, il ne trébuche plus sur des pavés mais sur des mots, il ne heurte plus un homme mais bel et bien un poème. [...]
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