Les Fleurs du Mal, Réversibilité, poème XLIV, Charles Baudelaire, Spleen et Idéal, Jeanne Duval, Marie Daubrun, Apollonie Sabatier
La première des six sections, intitulée Spleen et idéal, est de loin la plus fournie, ne comptant pas moins de quatre-vingt-cinq poèmes. Elle constitue une forme d'exposition : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. Baudelaire s'est inspiré de plusieurs muses pour écrire certains des poèmes de son recueil : principalement Jeanne Duval (XXII à XXXIX) qui inspira des poèmes pleins de sensualité, l'actrice Marie Daubrun (XLIX à LVIII) et la belle Apollonie Sabatier (XL à XLVIII), surnommée « La Présidente » et réputée rayonner par sa beauté, sa bonté et sa joie de vivre.
[...] Ange plein de bonheur, de joie et de lumières, David mourant aurait demandé la santé Aux émanations de ton corps enchanté Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières Ange plein de bonheur, de joie et de lumières Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Réversibilité (XLIV) Étude analytique Introduction Les premières phrases d'un des projets de préface pour Les Fleurs du Mal résument toute l'incompréhension qui entoura la sortie du recueil des Fleurs du Mal : S'il y a quelque gloire à n'être pas compris, ou à ne l'être que très peu, je peux dire sans vanterie que, par ce petit livre, je l'ai acquise et méritée d'un seul coup. La vie de Charles Baudelaire (1821-1867) fut jalonnée d'attaques sur son œuvre et sa personne. [...]
[...] Le lecteur ne peut alors s'empêcher de penser que c'est cette rage qui le poussait à écrire et fit de lui un grand poète. À l'aide d'interrogations redoublées et restées vaines, le poème affiche un monologue qui se veut représentatif de la solitude du poète, que le pronom vous (vers et 20) accentue en marquant une mise à distance. L'angoisse Elle s'oppose à la gaîté (vers de l'Ange et se trouve développée dans les trois vers suivants qui énumèrent les éléments du spleen avec : - dans le vers une remarquable valeur sonore égale donnée à quatre conséquences (habituellement retrouvées dans d'autres poèmes du recueil) de l'angoisse : La honte, les remords, les sanglots, les ennuis ; - dans les vers 3 et les terreurs nocturnes que connaît le poète, et leur effet sur le cœur, qui est le support d'une métaphore très originale (comme le papier qu'on froisse), dans laquelle on peut voir un billet de rupture reçu par l'amoureux éconduit ou bien un texte que le poète a tenté en vain d'écrire, l'un et l'autre étant rejetés avec rage et déception. [...]
[...] Si je n'étais pas accablé d'affaires et de lettres (c'est après- demain l'audience), je profiterais de cette occasion pour vous demander pardon de tant de folies et d'enfantillages Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 vous appartiennent. Puis, le 30 août 1857, ils deviennent amants pour une nuit. Et le poète se désintéressera peu à peu de son ange plein de gaieté : Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. [...]
[...] La notion de réversibilité a donc un sens optimiste qui s'oppose aux notions habituellement développées par Baudelaire : celles de l'irréparable de l'irrémédiable et de l'inéluctable chute. La constante antinomie entre les rappels des tourments et l'espoir d'une sollicitation en sa faveur annoncée au début et à la fin de chaque quintil (Ange plein de trahit son effort, pour se convaincre lui-même, afin d'accepter un dogme plutôt étranger à sa pensée. Plusieurs procédés vont ensuite en témoigner de la dimension religieuse : - il n'y a plus les questions de chacun des quintils précédents, mais une seule phrase ; - le rythme et les répétitions évoquent une prière, un mantra, dont le terme est précisé de façon tout à fait explicite au vers 24 (prières) et qui est adressé à un Ange, que la répétition plus forte (vers et 25) rend presque palpable ; - la référence à David (vers roi de Jérusalem évoqué dans la Bible, qui apporta la prospérité aux Hébreux et dont il est raconté qu'étant affaibli par l'âge, ses serviteurs se mirent en quête d'une jeune fille vierge pour qu'elle couche avec lui et lui permette ainsi de recouvrer des forces. [...]
[...] Les Fleurs du Mal, Réversibilité, poème XLIV - Charles Baudelaire Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse, La honte, les remords, les sanglots, les ennuis Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits Qui compriment le cœur comme le papier qu'on froisse ? 5 Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine, Les poings crispés dans l'ombre et des larmes de fiel, Quand la Vengeance bat son infernal rappel, Et de nos facultés se fait le capitaine ? [...]
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