Les Fleurs du Mal, Les Hiboux, poème LXVII, Charles Baudelaire, recueil poétique, Spleen et Idéal, morale
Ce poème déroule une allégorie transparente qui semble faire l'éloge de la sédentarité. Tel un apologue reposant sur un schéma narratif binaire, les intentions didactiques tendent à l'apparier à une fable, en particulier dès le titre où les oiseaux sont désignés par un hyperonyme, c'est-à-dire un pluriel défini, à l'instar de la fable de La Fontaine, « Les Pigeons », où le fabuliste donne un conseil aux amants qui se séparent pour voyager afin de mieux percevoir les dangers qui menacent en permanence tout amour et témoignent des regrets que l'on aura de l'avoir perdu. Ici, Baudelaire met en scène la stabilité et l'impartialité des hiboux afin d'en faire un modèle de sagesse et de méditation face au tumulte de ce monde, invitant alors à se méfier de l'agitation inutile.
[...] Les Hiboux est le LXVIIe poème du recueil. Forme classique par excellence, c'est un sonnet qui prend cependant quelques libertés avec le genre. Habituellement, les rimes sont embrassées et semblables dans les quatrains -abba et abba- et trois rimes nouvelles dans les tercets s'organisent dans le modèle utilisé par Marot et systématisé par Ronsard -soit ccd et ede, soit ccd et eed-. Si l'on retrouve bien la progression entre les quatrains et les tercets et que le poème se termine effectivement par une chute, le schéma rimique diffère : abba - cddc - eef - gfg. [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Les Hiboux (LXVII) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] Cette forme de poème est trompeuse, car Baudelaire n'est pas un moraliste. Ce n'est d'ailleurs pas son but. Il souhaite plutôt se poser en guide spirituel afin de préparer le voyage vers l'Inconnu, comme nous allons y revenir. Une mise en garde destinée au lecteur À n'en point douter, ce poème s'adresse à L'homme ivre d'une ombre qui passe (vers c'est-à-dire le lecteur divertit par une ombre qui l'enivre et l'écarte de la voie spirituelle, qui s'oppose alors au sage (vers 9). [...]
[...] Les tercets vont présenter la morale de cet apologue-sonnet. Dès le vers suivant, le verbe d'obligation à la tournure impersonnelle il faut vient appuyer davantage le message : comme les hiboux, l'homme doit se retirer du monde matériel, figuré par le jour (en ce monde qu'il craigne / Le tumulte et le mouvement, vers 10-11). Enfin, l'affirmation finale, un peu sentencieuse, avec l'adverbe toujours (vers pose le châtiment (vers 13) inéluctable pour l'homme qui ne se conformerait pas à cet exemple. [...]
[...] Les deux quatrains ont donc développé le portrait collectif des hiboux, oiseaux à la fois hiératiques et inquiétants, immobiles mais en instance de mouvement. Ils appartiennent au monde de la nuit où règnent les dieux, l'inconnu et la mélancolie. Leur œil rouge est utilisé pour voir dans les ténèbres de la mort ou du monde spirituel et non pour scruter le monde matériel. II- Un modèle de sagesse en opposition avec le monde humain Après avoir insisté sur l'immobilité et la méditation des hiboux, Baudelaire va ensuite transposer ces qualités dans le monde humain et constater l'opposition, invitant alors à se méfier de l'agitation inutile. [...]
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