Les Fleurs du Mal, Duellum, poème XXXV, Charles Baudelaire, recueil poétique, Spleen et Idéal
Les premières phrases d'un des projets de préface pour Les Fleurs du Mal résument toute l'incompréhension qui accueillit la sortie du recueil des Fleurs du Mal : « S'il y a quelque gloire à n'être pas compris, ou à ne l'être que très peu, je peux dire sans vanterie que, par ce petit livre, je l'ai acquise et méritée d'un seul coup. » La vie de Charles Baudelaire (1821-1867) fut jalonnée d'attaques sur son œuvre et sa personne. La première édition des Fleurs du Mal fut publiée à Paris le 21 juin 1857 et donna lieu deux mois plus tard à un procès pour « outrage à la morale religieuse » ainsi qu'à « la morale publique et aux bonnes mœurs ».
[...] Une déshumanisation des amants Elle rappelle celle des guerriers et apparaît avec l'impératif Roulons-y (vers 13) qui constitue une invitation à une violence et une débauche animale ; . La joie des amants dans le Mal Ce qui est particulièrement choquant réside dans le fait que les amants semblent se complaire dans cet amour atroce, ainsi qu'en témoignent : . L'apostrophe lyrique du vers 8 (Ô fureur des cœurs mûrs par l'amour ulcérés) qui glorifie la fureur de l'amour . [...]
[...] Les Fleurs du Mal, Duellum (XXXV) Baudelaire Deux guerriers ont couru l'un sur l'autre ; leurs armes Ont éclaboussé l'air de lueurs et de sang. Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant Les glaives sont brisés comme notre jeunesse, Ma chère Mais les dents, les ongles acérés, Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse. Ô fureur des cœurs mûrs par l'amour ulcérés Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces 10 Nos héros, s'étreignant méchamment, ont roulé, Et leur peau fleurira l'aridité des ronces. [...]
[...] De plus, même la forme du poème cautionne cette analogie. En effet, c'est donc un sonnet, mais avec une continuité (comme nous venons de le voir) entre les quatrains et les tercets. D'ailleurs, les deux thèmes se croisent dans le poème comme les rimes se croisent dans les strophes. Seuls les deux derniers vers constituent des rimes suivies ; elles mettent en valeur la chute du poème qui invite à se complaire dans la haine. Du reste, dans ce sonnet, tout se précipite vers la chute : les armes des guerriers chutent brisées, dans le deuxième quatrain ; les guerriers chutent dans le ravin, dans le premier tercet ; et les amants chutent dans l'enfer, dans le deuxième tercet. [...]
[...] Cependant, le thème de l'amour s'invite dans l'histoire même des deux guerriers avec le verbe de l'oxymore s'étreignant méchamment (vers 10) et avec la métaphore de la fleur qui apparaît au vers 11 (fleurira) et est un lieu commun de la poésie amoureuse ; . Dans le deuxième tercet. Le poète revient au thème des amants puisqu'il s'adresse à la femme avec l'apostrophe amazone inhumaine (vers 13). Cependant, ce n'est plus l'amour qui unit les amants, mais la haine (vers tandis que le terme amazone qui désigne la femme renvoie à une guerrière de la Mythologie grecque. [...]
[...] On y distingue six grandes parties, dans lesquelles se répartissent les cent vingt-sept poèmes qui constituent le recueil : Spleen et Idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du Mal, Révolte et La Mort. Ces sections peuvent être considérées comme un itinéraire explorant les multiples facettes de l'âme du poète et, plus généralement, de la nature humaine, avec ses rêves de grandeur et d'absolu et ses misères. La première des six sections intitulées Spleen et Idéal est de loin la plus fournie, ne comptant pas moins de quatre-vingt-cinq poèmes. Elle constitue une forme d'exposition : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. [...]
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