Le sentiment de la fuite du temps est un topos chez les poètes. Il a été, à l'époque romantique de Baudelaire, traité sous de multiples formes. « L'Horloge », poème de la première section « Spleen et Idéal » des "Fleurs du Mal" publiées en 1857, comme de nombreux poèmes baudelairiens tel que « L'Ennemi », entretient un rapport funeste entre la destinée humaine et la temporalité.
A l'irrémédiable fuite du temps, Baudelaire associe les remords et l'obsession de la vie manquée. L'Horloge devient, dans ce poème, un monstre qui dévore, avec délectation, la vie et révèle par là même la tragédie de l'existence. L'éphémère de l'être humain est ainsi universalisée par Baudelaire. Ce poème marqué par le Spleen révèle le passage du temps et les nombreuses facettes attribuées à son image.
[...] Cette idée de la rapidité de la dissolution du temps est soulignée au vers 11 : Maintenant dit : Je suis autrefois Cette annonce morbide d'un présent qui est déjà passé accentue le ravage causé par le temps, le présent n'étant plus qu'un souvenir de plus. Aussi, l'évocation de la clepsydre au vers 20, révèle de manière dramatique l'écoulement dévastateur du temps. Le balancement du rythme binaire vient accentuer le rapport entre la mesure du temps et son insatiabilité. Enfin, le futur à valeur prophétique sonne le glas, dans la dernière strophe, de l'existence humaine. [...]
[...] Il est celui qui ne cesse de se métamorphoser comme le Diable. Le temps est un savant doté d'une connaissance absolue des choses. Quand Baudelaire qualifie, au vers l'horloge de dieu sinistre il renvoie le terme sinistre à son étymologie : en latin, sinister est celui qui dit l'avenir. C'est pourquoi on note la récurrence des verbes au futur. Le discours du temps débute et s'achève sur ce qui, fatalement, se produira puisque seul le temps connaît l'avenir v5, v21, v24). [...]
[...] Tous les hommes, malgré leurs différences, sont réunis dans la fuite du temps. Baudelaire, après avoir rappelé que les hommes sont unis dans la mort, individualise l'expérience du temps. Le pronom personnel nous laisse place à une particularisation Souviens-toi / Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Ce resserrement de l'humanité à l'individualité, empreint de lyrisme puisque tout à chacun se retrouve derrière ce tu crée un sentiment d'angoisse chez le lecteur. Chaque homme (vers sera fatalement contraint de capituler devant la mort à venir. [...]
[...] Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire : L'horloge Le sentiment de la fuite du temps est un topos chez les poètes. Il a été, à l'époque romantique de Baudelaire, traité sous de multiples formes. L'Horloge poème de la première section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal publiées en 1857, comme de nombreux poèmes baudelairiens tels que L'Ennemi entretient un rapport funeste entre la destinée humaine et la temporalité. A l'irrémédiable fuite du temps, Baudelaire associe les remords et l'obsession de la vie manquée. [...]
[...] La dévoration du temps s'avère donc bien être la hantise du poète. Ce temps qui est déjà mort alors qu'on ne fait que l'évoquer. Ce poème L'Horloge publié dans Les Fleurs du Mal est aux antipodes du topos des poètes du carpe diem puisqu'ici, il n'est nullement question de profiter de la vie puisque l'instant vécu n'est déjà plus qu'un souvenir. Ce renouvellement du thème du passage du temps est lié au projet même des Fleurs du Mal, recueil dans lequel le Mal est sublimé. [...]
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