Charles Baudelaire est une figure clé de la littérature française dont de nombreux poètes revendiqueront s'inspirer. Maudit c'est-à-dire rejeté de son temps, il est en effet bien trop avant-gardiste pour le XIXe siècle : l'audace presque érotique de ses images est alors intolérable, bien que voilée par une pudeur qui annonce le symbolisme et une grande rigueur formelle que Baudelaire tient de son admiration pour les symbolistes. Ainsi, Les Fleurs du Mal, d'ailleurs dédiées à T. Gautier, recueil reconnu comme « matrice de la poésie moderne », est condamné dès sa sortie pour outrage à la morale publique. Bon nombre de ces poèmes sont en effet assez crûment dédiés à des femmes. Celles-ci sont autant de muses, fascinant tant par leur beauté que par leur cruauté. C'est notamment le cas dans « À Une Passante », où la rencontre avec une femme singulière tire le poète hors du temps pour un instant.
[...] Assez classiquement, la femme ici décrite est donc belle, cependant cette beauté, si elle permet la naissance de la rencontre, est telle qu'elle éloigne les amants. La passante est en effet proche d'un idéal de perfection qui l'arrache à la dimension humaine dans laquelle évolue le poète. Au vers une métaphore la compare à une statue : avec sa jambe de statue Cette comparaison déshumanise cette femme, en faisant une créature ciselée dans la pierre et donc froide, inanimée. Elle ne peut ainsi être sensible à l'attirance sinon l'amour que lui porte le poète, devenu Pygmalion face à Galatée. [...]
[...] Les Fleurs du Mal C. Baudelaire : A une Passante Objet d'étude : La poésie Sujet : À une Passante Les Fleurs du Mal, C. Baudelaire Charles Baudelaire est une figure clé de la littérature française dont de nombreux poètes revendiqueront s'inspirer. Maudit, c'est-à-dire rejeté de son temps, il est en effet bien trop avant-gardiste pour le XIXe siècle : l'audace presque érotique de ses images est alors intolérable, bien que voilée par une pudeur qui annonce le symbolisme et une grande rigueur formelle que Baudelaire tient de son admiration pour les symbolistes. [...]
[...] Premièrement, voyons comment Baudelaire rompt avec les codes de la rencontre classique. Tout d'abord, les circonstances de la rencontre sont radicalement opposées au cadre idyllique habituellement suggéré en littérature pour représenter l'amour naissant entre deux êtres. Dans le poème étudié, le cadre est au contraire un obstacle à la rencontre : À Une Passante appartient en effet à la section Tableaux parisiens des Fleurs du Mal où Baudelaire présente Paris sous le jour d'une ville oppressante et agressive. Cette caractérisation de la ville est identique dans ce poème. [...]
[...] Forte d'une beauté exceptionnelle, la femme y est une véritable apparition. Celle-ci survient dans un cadre agressif auquel elle arrache le poète, pour un instant seulement, car cette rencontre n'augure aucune relation la muse rencontrée dans A Une Passante est en effet délibérément indifférente aux sentiments naissants chez le poète, cruauté qu'elle incarne dans tout son être et plus particulièrement dans son œil, reflet de l'âme. De cette rencontre naît donc un inévitable sentiment d'amertume chez le poète, celui-là même qu'il tente sans doute d'exorciser grâce à la poésie, emprisonnant sur le papier et pour des siècles cet instant fugace qu'il voudrait voir durer. [...]
[...] Ainsi, Baudelaire renouvelle la rencontre amoureuse dans A Une Passante car il en fait un réveil dans Paris l'agressive, aussi instantané que stérile. La femme rencontrée participe également du caractère singulier de ce récit. Deuxièmement, voyons en quoi la femme est ici à la fois incarnation du spleen et de l'idéal, donnant une dimension extraordinaire à la rencontre. Tout d'abord et de façon assez prévisible, elle est belle. Les adjectifs longue et mince agile et noble majestueuse (v.2) et fastueuse (v.3) la décrivent sous un jour physiquement admirable. [...]
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