Les Fleurs du Mal, Les Aveugles, recueil poétique, poèmes, Charles Baudelaire, aveugles
C'est un poème remarquablement construit, où le titre joue un rôle primordial. En effet, comme de nombreux poèmes à en être démunis, s'il n'y en avait pas, on ne saurait pas de qui parle Baudelaire avant le dernier mot du poème.
Cependant, en dissipant toute incertitude dès le début, il souhaite mieux nous
induire en erreur. Le titre est en fait destiné, pour mieux ménager l'effet de surprise final, à nous mettre sur une fausse piste : il fait croire au lecteur qu'il souhaite parler des aveugles afin de cacher qu'il souhaite parler de sa condition de poète. Il ne se sert des aveugles que pour mieux faire entendre son état d'âme : ce sonnet est en réalité construit sur une description comparative. Baudelaire se reconnaît dans les aveugles, car ils lui offrent un miroir de sa propre condition.
[...] Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). Le 6 novembre, il écrit à l'impératrice pour tenter d'atténuer le jugement, suite à quoi, son amende est réduite à 50 francs par le garde des Sceaux. Cette œuvre majeure fut lentement mûrie par Baudelaire qui, dès 1840, parle de ses « Fleurs singulières ». Il avait fait plusieurs fois annoncer dans des revues la parution de son recueil sous les titres suivants : les Lesbiennes puis les Limbes. Mais sur le conseil d'un ami, il y renonce. [...]
[...] Tandis qu'ici on a abba - cddc - eef – eef.) qui présente un double mouvement. Ainsi, il signe une tentative de rapprochement des aveugles de manière assez paradoxale, tentative qui va échouer et finalement mettre en valeur le sentiment de solitude du poète dans la multitude de la foule parisienne. Une composition aussi paradoxale que symbolique C'est un poème remarquablement construit, où le titre joue un rôle primordial. En effet, comme de nombreux poèmes à en être démunis, s'il n'y en avait pas, on ne saurait pas de qui parle Baudelaire avant le dernier mot du poème. [...]
[...] Les personnages sont dépeints de façon très visuelle, ont des valeurs symboliques et constituent des allégories de Paris : chacun des poèmes s'apparente alors à un tableau qui illustre un aspect de la capitale. Il faut noter que Baudelaire s'inscrit là à contre-courant du mouvement romantique de son temps qui puisait alors son inspiration dans la nature. En effet, au XIXème siècle, le thème de la ville est nouveau et moderne. XCIIème poème de cette deuxième section, ce poème est un sonnet (bien que prenant quelques libertés avec le genre : habituellement, les rimes sont embrassées et semblables dans les quatrains -abba et abba- et trois rimes nouvelles dans les tercets s'organisent dans le modèle utilisé par Marot et systématisé par Ronsard -soit ccd et ede, soit ccd et eed-. [...]
[...] Le lecteur va très vite comprendre dans la suite du poème que la description paradoxale des aveugles permet à ces démunis de revêtir une valeur symbolique. La valeur symbolique des aveugles Au-delà de la description paradoxale sans concession des aveugles considérés dans leur ensemble, ainsi qu'en témoigne l'article défini du titre (Les Aveugles), Baudelaire a recours à leur regard pour faire glisser le paradoxe vers la valeur symbolique, grâce notamment à une versification suggestive : - au dernier vers du premier quatrain, grâce à une antithèse saisissante, les aveugles ont laissé une impression extrêmement forte au lecteur : tournés vers le ciel, leurs regards éteints semblent fixer avec insistance quelque chose. [...]
[...] Pour Baudelaire, ce mouvement de la tête des aveugles marque une quête spirituelle, un espoir qui les fait vivre, et ce d'autant que l'emploi de la majuscule à Ciel au dernier vers, alors qu'elle est absente au vers souligne le passage du matériel au spirituel. En ayant les yeux toujours levés vers le ciel, les aveugles semblent échapper, non seulement aux soucis et aux problèmes qui sont souvent le commun des autres hommes, mais aussi à leur condition d'aveugles. Ils incarnent ainsi rétrospectivement l'ensemble des hommes qui traversent le noir illimité (vers et cherchent à découvrir ce qui pourrait donner un sens à leur condition humaine. [...]
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