Les Fleurs du Mal, Au Lecteur, Baudelaire, poème, lecture, oeuvre, poésie, projet poétique, symbolisme, modernité poétique, adresse au lecteur, obscurité, mal, macabre, mort
L'univers poétique de Baudelaire, situé au carrefour du symbolisme et de la modernité poétique, donne souvent à voir une atmosphère crépusculaire, servie par une écriture du mal-être propre à la condition de l'homme. Ainsi, dans le poème « Au lecteur », qui forme un seuil au recueil Les Fleurs du mal, Baudelaire formule une adresse au lecteur dans laquelle il ressaisit les thèmes principaux de sa poésie : déchéance, absence de sens, corruption du corps et de l'esprit. À cet égard, les vers « Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas / Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent », situés à la charnière du poème, semblent constituer un résumé de son projet poétique, en contenant en germe l'atmosphère et l'esthétique mobilisées par Baudelaire dans son oeuvre.
[...] Conclusion Ainsi, les vers centraux du poème Au lecteur constituent des clefs de lecture dans la mesure où ils reprennent, de manière condensé, les thèmes généraux des poèmes de même que ses nuances. Certes, les poèmes constituent des tableaux horrifiques caractérisés par une dynamique certaine d'assombrissement inéluctable grâce à la mise en place d'une géographie de la négativité et du désespoir, mais ces tableaux sont avant tout des métaphores d'un sentiment que ressentent les hommes : l'ennui. Dans cette perspective, les éléments triviaux doivent être appréhendés non pas seulement comme des objects esthétiques mais comme des symboles d'une réalité tristement accablante. [...]
[...] Le vivant n'est donc jamais positif, puisque même dans ses déclinaisons les plus insignifiantes, la vermine (v. et les parasites ( helminthes ) dévorent les hommes. Cet imaginaire contribue donc à opposition l'humanité à une animalité ennemie, synonyme de danger. La cosmogonie du mal obéissant à des logiques de verticalité Ce tableau du monde très sombre participe à former une véritable cosmogonie du mal, obéissant à des logiques de verticalité. Ainsi, le positif est représenté par ce qui est élevé les nuées et l'azur de L'albatros (v. [...]
[...] et cet assombrissement est d'autant plus manifeste qu'il se retrouve dans les gradations fréquentes auxquelles recourt Baudelaire. Un art de la gradation En effet, les différentes juxtapositions contenues dans les poèmes observent un mouvement d'intensification : on passe ainsi dans le poème Au lecteur de la sottise au péché des helminthes (v. 21) aux démons (v. 22) et de glapissants (v. 31) qui sert à caractériser le cri d'un animal à hurlants (v.31) qui peut désigner aussi bien le cri d'un animal que celui d'un humain. De la même manière, le sein martyrisé (v. [...]
[...] Une géographie du mal Des lieux signifiants A l'évocation des lieux dans les poèmes de Baudelaire correspond une symbolique de la négativité. Ainsi, dans Au lecteur , les chemins bourbeux (v.7) symbolisent-ils la déchéance, de même que la Mort (v. 23) est comparée à un fleuve invisible (v. 24) contre lequel il est donc impossible de lutter. Dans L'albatros , la mer est évoquée par une métaphore négative, les gouffres amers (v. dans lequel l'adjectif fait entendre le mot mer . [...]
[...] Cette idée se retrouve notamment dans l'image de la déchéance qui s'applique aussi bien au matériel qu'à l'immatériel : nos esprits / nos corps (vers et semble faire de l'homme un enfant puisque le mal le berce sur l'oreiller (v. 10 et 9). De même, le verbe descend (v. 24) ainsi que l'image du fleuve (v. 24) évoquent l'imaginaire des enfers de l'Antiquité et du Styx. Mais dans ce tableau assombri, la progressivité tient également à la métaphore de la nuit, chargée d'exprimer le mal. L'obscurité, métaphore du mal L'idée des ténèbres convoquée par les vers centraux du poème se retrouve en écho dans la mention précédemment évoquée de oreiller (v. [...]
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