Les Fleurs du mal, Mon coeur mis à nu - Charles Baudelaire (1887) - Une introspection de l'auteur

Thèmes abordés

Les Fleurs du Mal, Baudelaire, Mon coeur mis à nu, introspection, dandy, lyrisme, poésie, oxymore, antithèse, Spleen et idéal

Résumé du document

"Ce n'est pas l'homme que nous avons à juger, c'est son oeuvre !". Ernest Pinard commença ainsi son violent réquisitoire contre Charles Baudelaire lors du procès de 1857 qui aboutit à la condamnation du poète. Cette séparation entre son recueil et sa vie causa à Baudelaire une blessure profonde et le conforta dans sa position d'incompris. Dans ses derniers fragments de Mon Coeur mis à nu, il revient sur ce besoin de réunir l'homme et l'oeuvre et de poser l'unité de la création poétique en déclarant : "Tout enfant, j'ai senti dans mon coeur deux sentiments contradictoires, l'horreur de la vie et l'extase de la vie." Le dandy souvent provocateur se livre au délicat exercice de l'introspection à la limite de l'impudeur par l'expression "mis à nu". Comment cette dualité revendiquée au plus profond de lui-même illustre-t-elle le projet et l'essence des Fleurs du mal ?

Extraits

[...] Le fil conducteur des Fleurs du mal repose sur la valeur d'oxymore contenue dans le titre. La recherche de la Beauté dans l'horreur est sans nul doute ce qui a causé le courroux et l'incompréhension des magistrats. Dans l'antithèse "horreur de la vie et extase de la vie", le premier terme marque une répulsion physique tandis que le second apporte la spiritualité apaisante. Le paradoxe est d'avoir, dès le premier poème du recueil, convoqué le diable et tous ses avatars et d'avoir attendu Élévation pour proposer une vision positive de la fonction poétique. [...]

[...] Cette sensibilité liée à l'enfance est à l'origine du second poème intitulé Spleen (LXXVI) dans lequel Baudelaire se place en dépositaire d'une foule de défunts. La première strophe isole un monostiche : "J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans." qui donne au passé un poids énorme et explique le spleen qui envahit le poète. La revendication lyrique se marque tout au long du recueil par une omniprésence du Je et des sentiments forts. Les cycles de Jeanne Duval et ceux de Marie Daubrun ou encore d'Apollonie Sabatier montrent un Baudelaire désireux d'aimer mais incapable d'y parvenir autrement que dans le rêve. [...]

[...] Les Fleurs du mal, Mon cœur mis à nu - Charles Baudelaire (1887) - Une introspection de l'auteur "Ce n'est pas l'homme que nous avons à juger, c'est son œuvre Ernest Pinard commença ainsi son violent réquisitoire contre Charles Baudelaire lors du procès de 1857 qui aboutit à la condamnation du poète. Cette séparation entre son recueil et sa vie causa à Baudelaire une blessure profonde et le conforta dans sa position d'incompris. Dans ses derniers fragments de Mon Cœur mis à nu, il revient sur ce besoin de réunir l'homme et l'œuvre et de poser l'unité de la création poétique en déclarant : "Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires, l'horreur de la vie et l'extase de la vie." Le dandy souvent provocateur se livre au délicat exercice de l'introspection à la limite de l'impudeur par l'expression "mis à nu". [...]

[...] Cet éloge posthume rappelle combien Les Fleurs du mal occupent une place majeure dans l'histoire de la poésie. Le choix du terme extase renvoie à une profonde spiritualité d'un artiste qui a su réconcilier des forces contradictoires et douloureuses. L'image du dandy provocateur n'est qu'un mythe forgé par Baudelaire lui-même sans doute pour se protéger d'une sincérité et d'une profondeur de vue sur l'homme et ses faiblesses. [...]

[...] Le symbole de l'albatros souligne la tension entre la création poétique qui sort l'artiste de son spleen et la dure réalité dans laquelle il est contraint de vivre. Il rapproche la sensualité débridée et chaude du Serpent qui danse et le poème suivant qui décrit une charogne répugnante L'horreur est dans la relation à l'autre, éphémère et contaminée comme dans Les Métamorphoses du vampire. Une partie de ses contemporains n'a pas su voir la part d'alchimie poétique que Baudelaire leur proposait. [...]