Baudelaire, écrivain, roman, les Fleurs du mal, poème, charogne, spleen et idéal
Charles Baudelaire, né à Paris au XIXe, est un poète précurseur du symbolisme, influencé par les mouvements du Romantisme et du Parnasse. Il s'essaie à la traduction, à la critique littéraire et artistique et à l'écriture pour subsister à ses besoins, et publie les Fleurs du mal en 1857. Son projet initial était de composer un recueil prenant pour thème les 7 péchés capitaux, parmi lesquels le pire d'entre eux était l'ennui. Le livre fait scandale et Baudelaire doit supprimer 6 poèmes de celui-ci pour offense à la morale publique et religieuse. L'édition du recueil que nous connaissons aujourd'hui est partagée en 6 parties précédées d'un prologue.
Parmi les plus célèbres textes des Fleurs du mal et situé dans la 1re partie du recueil « Spleen et Idéal », ce poème fait le récit d'une promenade amoureuse soudainement interrompue par une vision d'horreur : une charogne en décomposition au milieu du chemin. Au lieu de détourner le regard, le poète, comme fasciné par le cadavre, en fait le sujet premier de son récit.
[...] II/ Putréfaction > résurrection L'antithèse «Le soleil rayonnait sur cette pourriture »(v.9) rappelle le contraste entre le cadre idyllique de la balade des deux amoureux et l'objet répugnant. La carcasse devient un vulgaire bout de viande que l'on fait « cuire à point »(v.10). Le poète évoque également le cycle de la vie, avec les allégories du Soleil et de la Nature et suggère la résurrection de la charogne. Il introduit donc la sublimation esthétique, le processus de l'Alchimie poétique. [...]
[...] Le poète adoucit l'idée de l'enterrement et de la mort avec le CL de la nature « nature, soleil, herbe, floraisons », mais reste cruel avec des images saisissantes comme « moisir parmi les ossements »(v.44) ou « la vermine qui vous mangera »(v.45,46). Les oppositions entre les termes « floraisons et moisir » ou « vermine et baisers » sont particulièrement puissantes et marquantes, et donnent de la force au poème. À travers cela, le poète renouvelle le topos du carpe diem. Il utilise des images cruelles et horribles pour conseiller à sa bien-aimée de profiter du moment présent, alors que l'on s'attend plutôt à des métaphores fleuries et agréables. [...]
[...] Nous nous demanderons en quoi ce poème renouvelle le topos du carpe diem tout en illustrant le processus poétique de la sublimation esthétique à travers les 3 mouvements suivants : Une rencontre effrayante (vers 1 à De la putréfaction à la résurrection (vers 9 à 36) Carpe Diem renouvelé (vers 37 à 48) Une rencontre effrayante Dans ce poème en 12 quatrains, le poète s'adresse à la femme qu'il aime de manière galante. Il la vouvoie, utilise les pronoms perso « ns et vs » et l'interpelle avec l'apostrophe « mon âme »(v.1). [...]
[...] De plus, ce tableau repoussant donne une nouvelle fois vie à cette charogne en utilisant par exemple l'oxymore « vivants haillons » et nous fait presque entendre « l'étrange musique » de ce spectacle. Il compare aussi la charogne à une « toile oubliée »(v.31). C'est la transformation artistique de l'horreur, la résurrect° du cadavre en objet poétique. Mais cette sublimat° est de nouveau interrompue pour donner lieu à une descript° plus réaliste, avec l'arriver d'une chienne impatiente de pouvoir manger la charogne. [...]
[...] Ce poème est enfin moralisateur, et, en renouvelant le topos du carpe diem, conseille à celle-ci de profiter du moment présent avant de terminer comme la charogne. Ce poème fait écho au poème « Mignonne, allons voir si la rose », de Ronsard, dans lequel le poète recommande à la femme aimée de profiter de sa vie avant de vieillir, et de faner telle une rose. Le topos du carpe diem est utilisé de manière totalement différente dans « Une Charogne » du fait des images affreuses employées. [...]
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