Fleurs du mal, alchimie, poésie, objet poétique, modernité, laideur, immoralité, vices, péchés, états d'âme, figures de style, transmutation, Baudelaire
Baudelaire se veut poète-alchimiste, à qui la ville a donné sa « boue » qu'il a transformée en or. L'alchimie est un art, en vogue au Moyen-Âge, par lequel on prétendait changer la vile pierre en pierre philosophale, à la fois or et sagesse. Il est clair que l'alchimie de Baudelaire, en 1857 ou en 1861, n'opère pas une transmutation matérielle. Mais il s'agit, par la poésie, de faire du beau avec ce qui est laid et moderne, douloureux, et immoral. On peut donc se demander si l'alchimie poétique fonctionne dans les Fleurs du mal, c'est-à-dire quelle boue elle transforme en or et comment.
[...] Baudelaire transmute donc une scène banale de jeu en image de la destinée humaine, où l'homme se damne. À l'inverse, dans « À une passante », Baudelaire compare la jambe d'une prostituée à une « jambe de statue » et rend par son poème comme éternelle (statue) la « fugitive beauté » que la ville lui fait voir.Paris donc offre à Baudelaire un terreau moderne, nouveau, pour une poésie moderne, nouvelle, où la forme essaie de s'adapter à ses sujets bancals, créant ainsi une nouvelle esthétique.La boue du sujet permet l'or de la formeCependant, la phrase de Baudelaire montrant la transmutation de la boue en or ne concerne pas que les sujets parisiens. [...]
[...] Nous verrons dans un premier temps que Baudelaire met la modernité de la ville de Paris dans ses poèmes sujets. Puis nous verrons comment les états d'âme douloureux et l'univers macabre, angoissant font le terreau de son art, c'est-à-dire que la boue du sujet permet l'or de la forme. Enfin, nous verrons que la poésie permet aussi d'évoquer des « minutes heureuses » et fait surgir des images de ce que Baudelaire nomme l'Idéal.La modernité de la ville de ParisTout d'abord, Baudelaire prend la ville de Paris comme objet poétique, dans sa modernité laide et immorale, alors qu'avant lui, les poètes romantiques ont mis à l'honneur plutôt les beautés de la nature.La matérialité de la ville apparaît dans les poèmes de la section Tableaux parisiens qui furent ajoutés après le procès de 1857 et font entrer le lecteur dans « les plis sinueux des vieilles capitales ». [...]
[...] L'alchimie poétique donc transmute les visions de Paris en méditation sur la destinée humaine. De même dans les « Petites Vieilles », il travaille la forme de son vers comme on doit travailler la forme du « cercueil » pour y faire rentrer ces corps une fois morts, et c'est donc une nouvelle esthétique qui apparaît moderne, bizarre, bancale, et belle d'une façon inattendue.La ville le fait accéder aussi à une boue morale, c'est-à-dire aux vices et aux péchés donc que l'on trouve dans le paysage urbain de Paris. [...]
[...] La beauté poétique nous entraîne dans une expérience existentielle puissante, malgré le fait que le poète se dise prisonnier d'un monde matériel et sensible où tout concourt à la douleur.De même, Baudelaire « fait des fleurs » avec l'univers macabre. On trouve énormément de squelettes, de cercueils, de tombeaux, de cimetières dans ce recueil. Dans Une Charogne, par exemple, à la fois ce qu'il décrit est immonde, avec des vers qui grouillent sur l'animal pourrissant, et le texte est superbe, par les formulations comme l'oxymore « superbe carcasse » ou la comparaison des larves avec une armée. [...]
[...] Les Fleurs du mal - Baudelaire (1857) - « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or » : en quoi cette affirmation éclaire-t-elle votre lecture ?Baudelaire se veut poète-alchimiste, à qui la ville a donné sa « boue » qu'il a transformée en or. L'alchimie est un art, en vogue au Moyen-Âge, par lequel on prétendait changer la vile pierre en pierre philosophale, à la fois or et sagesse. Il est clair que l'alchimie de Baudelaire, en 1857 ou en 1861 n'opère pas une transmutation matérielle. [...]
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