Les Fleurs du Mal, poésie, Alchimie de la douleur, Baudelaire, spleen, mort, dieu, sentiments
La première édition des Fleurs du Mal fut publiée à Paris le 21 juin 1857 et donna lieu deux mois plus tard à un procès pour « outrage à la morale religieuse » ainsi qu'à « la morale publique et aux bonnes moeurs ». À l'époque, ce titre antithétique sonne comme une provocation. Le poète y décrit sa descente aux enfers et son tiraillement entre le Spleen et l'Idéal, le sublime et le sordide... l'or et la boue, pour actualiser la comparaison avec le poème étudié !
Alchimie de la douleur est le quatre-vingt-unième poème et l'un des derniers de la section Spleen et Idéal dans la deuxième édition (1861) des Fleurs du Mal. Sonnet organisé en octosyllabes, Baudelaire y témoigne une intensification du spleen afin d'exprimer sa tristesse, son désespoir et son incapacité à dépasser la morbidité du spleen.
[...] Une assistance divine entachée de malédiction Le patronage d'Hermès se veut donc finalement une malédiction : Tu me rends l'égal de Midas, / Le plus triste des alchimistes (vers 7 et 8). En effet, Midas est un roi de la Mythologie grecque qui aurait reçu de Dionysos le don (ou la malédiction - dès l'origine la même antithèse existait de changer tout ce qu'il touchait en or, le rendant incapable alors de boire ou de manger. Ainsi, Baudelaire assimile l'alchimie à la poésie, censée transformer les mots et le langage en or. [...]
[...] Sa quête d'Idéal ne fait donc que sombrer dans le Spleen, le présent de l'indicatif je change élevant le propos en vérité générale vouée à perdurer éternellement. L'omniprésence de la mort et de l'échec teintée d'humour Si la métaphore du dernier vers du premier tercet (Dans le suaire des nuages, vers 11) témoigne d'une dimension idyllique du poème en l'associant au drap qui recouvre les morts, l'omniprésence du champ lexical de la mort depuis le début du sonnet soulignent la douleur de la création poétique : deuil (vers Sépulture (vers enfer (vers suaire (vers cadavre (vers 12) et sarcophages (vers 14). [...]
[...] Ce revers de la médaille de l'alchimie poétique consisterait en fait dans l'éloignement de la réalité et dans un pouvoir illusoire fait de mots. De plus, ce superlatif crée un contraste entre la finalité de la transformation en or et les sentiments réels. Une alchimie inversée : les tercets Un autoportrait tragique Dès le premier tercet, Baudelaire prolonge l'adresse au funeste Hermès : Pour toi je change l'or en fer / Et le paradis en enfer (vers 9 et 10). [...]
[...] Baudelaire évoque plutôt Hermès Trismégiste, personnage de la mythologie gréco-égyptienne, qui renvoie plus précisément à Thot dans la mythologie égyptienne, dieu de l'écriture et scribe des dieux au savoir illimité, qui a donné lieu au courant philosophique et spirituel de l'hermétisme, ensemble de doctrines ésotériques qui ont inspiré l'alchimie au Moyen-Âge. Ce personnage renvoie ainsi directement au titre du sonnet et s'inscrit dans une conception antique du poète, qui voudrait que le poète soit inspiré par les dieux. De fait, Baudelaire se dit assisté par Hermès, témoignant à la fois respect et crainte (assiste, intimidas - vers 5 et 6). [...]
[...] Les Fleurs du Mal, Alchimie de la douleur (LXXXI) - Charles Baudelaire (1861) - L'intensification du spleen afin d'exprimer la tristesse Introduction La première édition des Fleurs du Mal fut publiée à Paris le 21 juin 1857 et donna lieu deux mois plus tard à un procès pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs . Á l'époque, ce titre antithétique sonne comme une provocation. Le poète y décrit sa descente aux enfers et son tiraillement entre le Spleen et l'Idéal, le sublime et le sordide.... [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture