Commentaire de l'extrait "Emma ne dormait pas..." issu de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Il comprend une introduction, trois parties et une conclusion.
[...] Si le rêve et le romanesque permettent d'échapper pour un court instant à la médiocrité du quotidien, il ne s'avèrent qu'illusions : d'une part, la réalité les rattrape toujours plus cruellement, et, d'autre part, se présentant comme une échappatoire merveilleuse au réel, ils sombrent cependant dans une autre forme de banalité et de médiocrité, celle des clichés et des stéréotypes. [...]
[...] Flaubert, à travers son héroïne tourne en dérision ce passé romantique qui a été le sien. L'auteur dévoile, dans ce passage la vanité de son héroïne et de ses aspirations romantiques : " Cependant, sur l'immensité de cet avenir qu'elle se faisait apparaître, rien de particulier ne surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balançait à l'horizon infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil " .Toute l'ironie de Flaubert est montré dans cette phrase. [...]
[...] Il y a une opposition du rêve et de la réalité : " tandis qu'il s'assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d'autres rêves De plus l'antithèse entre " assoupissait " et " réveillait " se double d'un paradoxe, celui du réveil dans le rêve même. Emma est transportée ans un " pays nouveau " qui s'oppose en tout point à son quotidien : elle rêve d'un grand amour, à l'opposé de sa vie avec Charles qui, loin de rêver avec elle, sombre dans un sommeil lourd et concret : " Bovary ronflait plus fort Elle rêve aussi d'une richesse extraordinaire, d'un exotisme opposé à vie rurale dans un petit village, dans sa maison avec vue sur la pharmacie " déjà le petit Justin, [ ] ouvrait les auvents de la pharmacie. [...]
[...] En quoi cet extrait est-il emblématique du " bovarysme " de l'héroïne ? On peut définir l'expression " bovarysme " comme " un état d'insatisfaction, sur le plan affectif et social, qui se rencontre en particulier chez certaines jeunes femmes névrosées et qui se traduit par des ambitions vaines et démesurées, une fuite dans l'imaginaire et le romanesque. " On étudiera d'abord le rêve caricatural d'un esprit romanesque en montrant les clichés romanesques et qu'Emma fuit une réalité ennuyeuse. On verra ensuite le passage de l'essor du merveilleux à l'échec progressif du rêve. [...]
[...] Ce rêve n'est donc pas amené à se réaliser, il reste prisonnier du réel. Le connecteur logique " cependant " amorce la cassure en faisant apparaître un trait négatif " rien de particulier ne surgissait " à monotonie du rêve englué par les clichés qu'il véhicule. Le " mais " annonce le retour au réel, médiocre (toux, ronflements, auvents de la pharmacie), qu'Emma n'apprécie pas car ces trois éléments renvoient au quotidien d'épouse, de mère et de villageoise, à l'opposé de son rêve d'être une amante, une princesse et une aventurière. [...]
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