En 1857, paraît un des romans les plus connus de Flaubert, Madame Bovary. Il a coûté six ans de travail à l'auteur, qui apparaît ainsi dans un premier temps comme un maître du style, un amoureux de la Beauté et de l'art. En ce milieu du 19e siècle, deux mouvements littéraires se rencontrent et s'opposent, le romantisme et le réalisme, que Flaubert récuse également. Il s'efforce dans cette oeuvre de dominer sa tendance romantique : l'exaltation de soi, l'insatisfaction devant la réalité de la vie et l'aspiration à un ailleurs inaccessible. Dans cette perspective de refoulement du lyrisme, il donne comme sous-titre à son texte : « Moeurs de province ». Il s'agit précisément de la vie d'Emma Bovary, petite bourgeoise d'origine paysanne, instruite au couvent, et qui rêve d'un amour impossible qu'elle ne trouvera jamais. L'écrivain se plonge alors dans ce qu'il déteste le plus, la peinture de la médiocrité bourgeoise et des idées reçues. Il se moque aussi de certaines postures romantiques qui furent les siennes, et d'une éducation religieuse réservée aux jeunes filles de son époque (...)
[...] Cela prouve pour Flaubert que le romantisme n'est qu'une mode, et une affectation de sentiments. On se lasse de fréquenter les sommets de la douleur. A force d'excès, on aboutit à l'ennui et au vide. Mais Emma est avant tout une femme romanesque qui ne peut vivre dans le calme, sans éprouver la monotonie du quotidien, l'ennui et le dégoût de l'existence ordinaire. Elle a besoin de la passion et du rêve. Ce premier paragraphe nous montre donc le contraste entre ce qu'elle cherche, l'exaltation, et ce qu'elle trouve, la réalité terne de la vie. [...]
[...] ( ( ( Dans cette première partie, nous voyons donc Emma adopter, lors de la mort de sa mère, une attitude et des propos conventionnels.(ligne 1-5). Elle s'abandonne sans retenue à la tristesse et au dégoût de la vie à la façon des héros de ses romans sentimentaux, qu'elle a lus en cachette. (Ligne 9). Enfin le naturel reprend le dessus, et elle retrouve l'apaisement. (ligne 10-12). Mais, tout d'abord, les premiers jours l'héroïne commence par beaucoup pleurer, et fait exécuter un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte. [...]
[...] La mort de sa mère a été l'occasion de se livrer à une grande douleur. Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur clamaient les romantiques, et l'être humain est un ange déchu qui se souvient des cieux. La grandeur de l'homme, selon Hugo, Lamartine, Musset, réside dans la faculté de sentir et de souffrir. Alors Emma, toue jeune fille, songe déjà à la mort ! Elle envoie à son père une lettre digne d'une vieille personne, usée par la vie et les épreuves. [...]
[...] VI Madame Bovary 1 Quand sa mère mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours. Elle se fit faire un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte et, dans une lettre qu'elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu'on l'ensevelît plus tard dans le même tombeau. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut 5 intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les cœurs médiocres. [...]
[...] En fin de compte, l'héroïne de Flaubert refuse une religion toute extérieure et conventionnelle. Mais les sœurs sont néanmoins excusables de n'avoir pas réussi l'éducation d'Emma. Cette dernière est un esprit positif et son caractère présente un fonds paysan, réaliste, avide de sensations et de plaisirs matériels. Tout en elle refuse la foi véritable qui est conscience de notre condition misérable et volonté de s'élever à l'amour divin, seule consolation véritable Au contraire, elle ne voit rien au-delà des réalités terrestres : les mystères de la foi ainsi que la discipline répugnent à sa nature instable et charnelle. [...]
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