La frontière entre le tragique et le comique de fin de partie est assez floue. Traverser cette frontière ne nécessite souvent qu'une seule réplique qui va permettre le glissement d'un style à l'autre, tous deux pourtant complètement opposés. Mais c'est bien la où la pièce de Beckett se démarque totalement, car c'est de cette ambiguïté permanente que l'auteur réussira à forger une identité propre à son œuvre. Mais pour autant peut-on clairement distinguer le genre littéraire de Fin de partie ?
En quoi la pièce de Beckett ne possède aucun genre littéraire à proprement parler ?
[...] Le premier ressenti des spectateurs demeurera être l'incompréhension due sans aucun doute au registre tragique dominant. En effet, L'atmosphère est oppressante du fait de l'action qui ne mène nulle part, et d'une certaine manière, les personnages sont prisonniers de leurs destins, incapables de le changer. Tel Sisyphe poussant sans relâche son rocher au sommet d'une montagne sans aucune perspective d'avenir. Les spectateurs sont les tristes témoins impuissants de cette pièce qui ne mène nulle part et demeure étouffée par l'ambiance que dégage cette dernière, perdue dans ce flux d'information insensé, ils sont en quelque sorte les prisonniers d'un labyrinthe de mots incompréhensible. [...]
[...] Ceci expliquerait peut-être justement ce manque de sens et de cohérence permanent dans les dialogues ou autres didascalies des personnages. Comme pour dénoncer une certaine vanité humaine. Mais malgré tout, quelques bouffés d'oxygène insufflé par Beckett viendront de tant en tant relativiser cette condition tragique des personnages. En effet, le rire sera suscité par les situations insolites que rencontrent les protagonistes à travers leurs paroles, ou encore par leurs agissements inutiles réalisés le plus souvent d'une manière mécanique et forcée, et qui de plus, primera la plupart du temps sur la parole des acteurs. [...]
[...] Fin de Partie de Beckett : Tragédie ou comédie ? La frontière entre le tragique et le comique de fin de partie est assez floue. Traverser cette frontière ne nécessite souvent qu'une seule réplique qui va permettre le glissement d'un style à l'autre, tous deux pourtant complètement opposés. Mais c'est bien là où la pièce de Beckett se démarque totalement, car c'est de cette ambiguïté permanente que l'auteur réussira à forger une identité propre à son œuvre. Mais pour autant peut-on clairement distinguer le genre littéraire de Fin de partie ? [...]
[...] Mais toutes ces tentatives comiques comme pour soulager les spectateurs retombent bien vite dans l'oubli lorsque d'autres situations tragiques prennent le pas, ou bien lorsque l'on se rend compte que l'action n'a pas du tout avancé et que les personnages en sont toujours au même point depuis le début de la pièce : en effet durant la scène finale, après un long monologue, Ham se figera dans exactement la même posture qu'il adopta au commencement de la pièce. Le temps semble alors être arrêté. Une fois la dernière réplique terminée, les spectateurs sont comme libérés de ce cycle infernal. [...]
[...] C'est dans un climat très particulier et inquiétant pour l'avenir de la race humaine, que Beckett nous dévoile cette caricature du genre humain. Tel un satyre de la condition absurde de la race humaine, et comme un appel de détresse et de retenue pour l'avenir. Ainsi le genre littéraire que revêt Fin de Partie est complètement différent de tout ce dont nous étions habitués jusqu'à maintenant. Beckett avec le courant du théâtre de l'absurde a donc inventé un genre à dominante tragique à part entière qui cependant mêle parfois un comique très particulier mais qui retombe très rapidement dans l'oubli noyé par tout ce spectacle de désolation tragique. [...]
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