L'œuvre de Baudelaire foisonne de toutes sortes de figures, variées, parfois antinomiques, du poète : « en albatros, en dandy ou en chiffonnier, en mauvais vitrier ou en pendu, en vampire, en revenant, en amant ou en assassin, en escrimeur ou en négresse, en caveau ou en boudoir... » , le poète ne cesse de se peindre. Figure multiple, protéiforme, tantôt « je », tantôt « il », comment comprendre la multiplicité des formes qu'il prend dans l'œuvre baudelairienne ? Comment interpréter les différents mouvements réflexifs de l'écriture poétique sur le poète lui-même, et les choix de mise en scène de soi dans les textes ?
[...] L'interpellation du vous donne un aspect didactique au propos, comme s'il entendait bien nous faire comprendre l'adéquation profonde entre un artiste tel que M.G. et la vie moderne qu'il faut peindre. Des formulations telles que Supposez un artiste qui serait toujours, spirituellement, à l'état du convalescent explicite la visée heuristique, ou en tout cas la force de proposition théorique sur la figure de l'artiste, du texte. Le dandy : figure synthétique, au confluent du renouvellement de la figure de l'artiste et de la réinvention de soi ? [...]
[...] Collection de choses mortes. Ce sujet se dit d'abord comme mémoire, ce qui en fait une incarnation de la mélancolie. Le poème élabore son écriture à partir de l'impossibilité des écritures du moi (vers, billets doux, quittances, bilans) ou à partir du langage silencieux et sans réponse du sphinx. [ ] Le poème apparaît tel une réponse à une parole coupée, perdue, raturée, oubliée, qui serait la parole de la vérité et de l'identité. Vaporisation mais aussi concentration : le cœur comme métonymie du poète, figure qui regroupe les éclats d'un portrait fragmenté ? [...]
[...] Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours Jean-Michel Maulpoix, Le poète perplexe. (p104) Maulpoix, Du lyrisme. Maulpoix, Du lyrisme. J-M Maulpoix, Le poète perplexe. [...]
[...] Quelquefois il est poète; plus souvent il se rapproche du romancier ou du moraliste; il est le peintre de la circonstance et de tout ce qu'elle suggère d'éternel on voit avec les énumérations d'épithètes ou d'appellations, le travail de rectifications successives auquel se livre Baudelaire : l'effort de composition du portrait est montré. Lorsque Baudelaire s'exprime ainsi : Ainsi, pour entrer dans la compréhension de M. G., prenez note tout de suite de ceci on voit que la perspective est opposée à celle qui consistait à varier les figures du sujet lyrique. Il s'agissait de tentatives inlassables pour dire le moi : il s'agit ici de comprendre le poète comme objet. De sujet, le poète devient plus explicitement objet de l'écriture baudelairienne. [...]
[...] L'adjectif déshérité qui le qualifie, inscrit cette figuration du poète dans la tradition romantique, par l'analogie qu'il suggère avec le desdichado nervalien. La mère, qui est l'une des facettes de la cruelle figure de la féminité chez Baudelaire, apparaît ici comme le bourreau, emblème de la souffrance endurée par le poète. A partir de l'adverbe Pourtant au début de la sixième strophe, la deuxième face de cette figure poétique apparaît : l'enfant multiplie les signes d'une élection quasi divine sur deux quatrains (l'ange, l'ambroisie, le nectar, constituent autant de références à la divinité). [...]
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