Jeu de la Feuillée, taverne, théâtre profane, XIIIe siècle, Adam de la Halle, parodie, jeu liturgique, satire
La taverne est un lieu crucial du théâtre profane au XIIIe siècle, auquel appartient notre auteur Adam de la Halle. Cet endroit est propice au burlesque et, dans l'extrait étudié du vers 1012 à la fin du Jeu de la Feuillée, il est propice à la réunion de toutes les instances de la société d'Arras, ici exclusivement masculine : les buveurs de la taverne et l'aubergiste, le moine : autorité religieuse, le fou représentant la folie, son père qui, lui, représente l'autorité paternelle, et Adam, notre personnage principal. La rencontre de ces figures ne serait pas possible dans un autre lieu, d'où son importance. La scène de la taverne se situe juste après l'épisode fantastique des fées, qui est au contraire exclusivement féminin. Notre extrait se retrouve en contraste avec cet épisode précédent en mettant en scène le quotidien d'une société, mais aussi la fin du projet d'Adam.
[...] On constate un balancement de la part de la société Arrageoise entre celle-ci et la folie. Par le biais de l'échec d'Adam, cette société est dénoncée à travers sa dégradation, sa médiocrité même. Cela est d'autant plus fort que cette société se résigne à cette médiocrité, résignation basée sur des arrangements d'intérêts. La fin du projet d'Adam souligne alors l'impossibilité du changement au sein de la société Arrageoise, et pire encore, l'obligation de se résoudre à vivre dans la pauvreté de celle-ci. [...]
[...] Par la polysémie du terme « fiertre » vers 1078, désignant tout aussi bien la folie que la chasse religieuse où est installée la statue de la Vierge Marie. La frontière entre la religion et la folie est perçue comme mince et incertaine. Certes les deux instances sont opposées, mais elles semblent pouvoir prendre la forme de l'autre, volontairement ou non. La taverne devient ici l'Église. Pouvons-nous dire l'Église d'une société dégradée ? Dans notre extrait il se joue donc une mise en abyme du théâtre, la pratique théâtrale parodiant de façon dérisoire et burlesque la pratique de la dévotion. [...]
[...] Bien que l'échec d'Adam se retrouve en filigrane dans notre texte, il se retranscrit à travers l'échec des autres personnages. En effet, chacun y perd son compte. Le père n'a pas amélioré la situation de son fils et la sienne. Les buveurs ont seulement mis en avant leurs médiocrités. Le moine n'a rien gagné de plus que de se faire moquer et de souligner par son comportement la bassesse de l'Église, « Je ne fai point de mon preu chi » vers 1094. [...]
[...] Jeu de la Feuillée - Adam de la Halle (1276) - Dans quelle mesure le fil directeur qu'est le projet d'Adam se fait-il satire de toute une société ? Littérature Médiévale : commentaire composé La taverne est un lieu crucial du théâtre profane au XIIIe siècle, auquel appartient notre auteur Adam de la Halle. Cet endroit est propice au burlesque et, dans l'extrait étudié du vers 1012 à la fin du Jeu de la Feuillée, il est propice à la réunion de toutes les instances de la société d'Arras, ici exclusivement masculine : les buveurs de la taverne et l'aubergiste, le moine : autorité religieuse, le fou représentant la folie, son père qui, lui, représente l'autorité paternelle, et Adam, notre personnage principal. [...]
[...] Le fou et son père meurent de faim, et lui demandent indirectement la charité et des soins : vers 1036-1039 « D'autre part je ne sai que faire, / Car, s'il ne vient a Saint Acaire,/ Ou ira il querre santé ? / Certes, il m'a ja tant cousté/ Qu'il me couvient quere men pain ». Le moine cependant, une tout autre réaction : ils les rejettent et s'accorde même avec leurs malheurs « Certes c'est trop bien emploiet. » vers 1047. [...]
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