Cette lettre fut écrite en 1714, ce qui correspond à la fin du mouvement littéraire du classicisme.
Fénelon fait ici le bilan de cette polémique en résumant son sentiment par un rythme ternaire : Tout est simple, tout est mesuré, tout est borné à l'usage (lignes 7-8). Implicitement, il se demande si le classicisme correspond toujours à cette "trilogie" et s'il va survivre à l'époque d'écriture (...)
[...] [ ] Fénelon, Lettre à l'Académie française, X (extrait). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon (1651-1715) est un homme d'Église, théologien et écrivain français. Il s'opposa à Bossuet et tomba en disgrâce lors de la querelle du quiétisme (doctrine mystique qu'il défendait et selon laquelle l'union à Dieu a lieu bien avant la mort et est le but de la vie chrétienne), et surtout, après la publication de son roman Les Aventures de Télémaque (écrit en 1694 et publié en 1699), considéré comme une critique de la politique de Louis XIV. [...]
[...] N'est-il pas naturel que les premiers architectes 15 gothiques se soient flattés d'avoir surpassé par leur vain raffinement la simplicité grecque ? Changez seulement les noms ; mettez les poètes et les orateurs en la place des architectes. Lucain devait naturellement croire qu'il était plus grand que Virgile. Sénèque le tragique pouvait s'imaginer qu'il brillait bien plus que Sophocle. Le Tasse a pu espérer de laisser derrière lui Virgile et Homère. Ces auteurs se seraient trompés en 20 pensant ainsi ; les plus excellents auteurs de nos jours doivent craindre de se tromper de même. [...]
[...] Au moment de sa rédaction, la querelle des Anciens et des Modernes durait depuis vingt-cinq ans. Perrault l'avait suscitée en pleine Académie, en 1687, lorsque, dans un poème sur le Siècle de Louis le Grand, il s'était moqué d'Homère et des jardins d'Alcinoüs, à propos des magnificences de Versailles. Cette polémique, sur laquelle l'auteur revient ici, était, après les querelles religieuses, la plus vive préoccupation des esprits à cette époque. Fénelon pense avec assez de raison que l'Académie pourra être divisée sur cette question si vive ; il veut croire que cette guerre civile sera toujours modérée. [...]
[...] Ainsi, si par exemple Lucain a pu se figurer qu'il surpassait Virgile (Lucain devait naturellement croire qu'il était plus grand que Virgile. Sénèque le tragique pouvait s'imaginer qu'il brillait bien plus que Sophocle. Le Tasse a pu espérer de laisser derrière lui Virgile et Homère, lignes 17 à de même aussi l'architecture gothique a pu se croire supérieure à l'architecture grecque, parce qu'elle était venue plus tard. La logique fait ici entièrement défaut. Certes, il utilise l'injonctif Changez et mettez (ligne mais fait finalement preuve de neutralité en étant très nuancé : je propose seulement aux hommes (ligne 22). [...]
[...] Cependant, il se rend parfaitement compte que le classicisme ne sera pas éternel. L'histoire lui a donné raison ! [...]
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