Les faux monneyeurs, passage du laquais, André Gide, Robert Passavant, cinquième chapitre, diable
André Gide publie en 1925, l'œuvre qu'il considère comme son premier roman, Les faux-monnayeurs. Il y met en scène un écrivain et deux adolescents qui évoluent le temps d'un été et d'un automne. Entre mise en abyme et alternances des points de vue, les procédés et innovations littéraires s'y bousculent. Le passage que nous allons étudier constitue la toute fin du cinquième chapitre de la première partie du roman. Vincent et Robert de Passavant sortent de chez Lilian après une soirée de victoire au jeu du fils aîné des Molinier. Le comte de Passavant comprend que Vincent a rendez-vous avec Lilian en trouvant une clé dans sa main.
[...] Effectivement, le narrateur est omniscient dans le sens qu'il semble savoir toutes les situations des personnages et les lieux exactes où ils se trouvent tous. De plus il nous parle d'un personnage qui n'est encore jamais apparu directement dans l'intrigue: Édouard. Celui-ci n'avait été cité que par le jeune Olivier lors de la conversation avec son ami fugueur : Bernard. Mais parallèlement, le narrateur semble externe car il ne connaît pas les états d'esprit de ses personnages. On pourrait donc dire que le narrateur est «omniprésent». Dans ce mouvement même, on peut distinguer trois moments. [...]
[...] LES FAUX MONNAYEURS De «le laquais alluma les bougies» à «il s'éveille» André Gide publie en 1925, l'œuvre qu'il considère comme son premier roman, Les faux-monnayeurs. Il y met en scène un écrivain et deux adolescents qui évoluent le temps d'un été et d'un automne. Entre mise en abyme et alternances des points de vue, les procédés et innovations littéraires s'y bousculent. Le passage que nous allons étudier constitue la toute fin du cinquième chapitre de la première partie du roman. [...]
[...] C'est alors que surgit l'objet qui prend toute son importance, qui dépasse sa seule fonction et qui représente tout un mythe littéraire à lui tout seul: la clé. En étant extérieur à la scène, le narrateur décrit toute la découverte comme si il était un troisième personnage et surement retranscrit sa propre réaction à travers celle de Passavant qui se met à rire. L'auteur rit surement lui-même par là de ce cliché littéraire qui hante la littérature bourgeoise et les romans d'amour. [...]
[...] L'emploi du passé simple montre tout de même que ces actions vont mener à une décision, un changement dans la position de Vincent. Finalement, la dernière phrase de ce mouvement marque l'irruption directe du narrateur dans le récit avec cette injonction destinée au lecteur même : «Laissons-le». De plus le choix de Vincent se retrouve commenté: celui-ci décide de retourner chez Lilian et introduit la clé dans la serrure. Mais le narrateur se permet de rajouter que le diable regarde la scène d'un œil amusé. [...]
[...] Le terme même de «diabolein» ,qui a donné le concept de diable si présent chez Gide, signifie séparé en deux. Comme tous les amants, sa position est double et il doit choisir. Avec le départ de Robert de Passavant, le narrateur pourrait se faire interne au personnage de Vincent mais il n'en est rien. Il reste totalement externe, comme nous allons le voir dans la suite de cette explication. Vincent est donc seul et apprend cette scène hésite. Le lecteur sait qu'il est partagé entre son devoir envers Laura et son attirance pour Lilian. [...]
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