Les faux-monnayeurs, André Gide, scène de l'expiation, points de vue, champs lexicaux
En 1925, André Gide publie Les faux-monnayeurs, qu'il considère comme son «premier roman». Il y narre l'évolution de deux adolescents et d'un écrivain le temps d'un été et d'un automne que ce soit à Paris ou à Saas-Fé. La scène que nous étudions se situe au chapitre II de la première partie. Bernard qui a découvert être un «bâtard» a laissé une lettre à son père d'adoption, Albéric Profitendieu. Celui-ci vient d'annoncer la nouvelle à sa femme, Marguerite Profitendieu, la scène d'«expiation» s'ouvre alors...
[...] Par ce point de vue interne, on accède aux pensées de M. Profitendieu, par le discours direct qui nous expose ce qu'il voudrait dire à sa femme. Ainsi, on retrouve ce champ lexical de la religion important sous le thème du péché : «péché», «faute», «Dieu», «erreur» . Son caractère est clair ici et le lecteur comprend que sa femme avait raison: il essaye d'interpréter la fuite de Bernard comme une épreuve envoyée par Dieu et due en son intégralité à l'infidélité de sa femme. [...]
[...] Le lecteur ne connaît que sa réaction physique et peut choisir la raison de ces actions parmi les propositions du narrateur. Ainsi celui-ci expose deux suppositions par la construction de phrase: «sans doute . sans doute». La situation prend alors l'apparence d'une scène de pardon religieux, d'une cérémonie religieuse. En effet Marguerite Profitendieu pleure et s'agenouille face à son mari qui la maintient tout en restant en position supérieure étant donné que le narrateur précise que Albéric Profitendieu est obligé de se «courber» . [...]
[...] Celui-ci qui l'appelle «ma pauvre amie», souligne l'heure et conclut par «nous ferions mieux d'aller nous coucher». Il clôt toute possibilité de discussion ainsi que cette «scène d'exposition». Pour conclure, il semble que tous les procédés mis en œuvre par Gide au cours de cet extrait aient le même but, la même fonction: dénoncer l'impossibilité de la communication de ce couple bourgeois. Ainsi, le changement de points de vue, l'opposition des champs lexicaux et cette formule de conclusion prononcée par Albéric Profitendieu s'appliquent à montrer l'incapacité des protagonistes à se comprendre. [...]
[...] Ainsi, se fixe et repart de ces deux personnages tout au long de l'extrait que nous allons étudier. Gide annonce son récit à venir, d'une façon assez théâtrale avec ce discours direct signalé par les guillemets : «Voilà l'expiation» bien que cela soit par le biais de son personnage masculin. Le premier point de vue utilisé est interne et se concentre sur la personne de Albéric Profitendieu. Celui-ci devient alors sujet dans toutes les phrases et on accède à ses pensées bien qu'ils ne soient pas directement retranscrites. [...]
[...] Profitendieu se penche pour que nous accédions aux paroles de sa femme. Lui-même est obligé de «deviner ses paroles». Encore une fois ce sont les paroles de Marguerite Profitendieu qui nous indiquent son caractère, elles semblent montrer qu'elle regrette son retour et le pardon de son mari et aussi son état de regret et de désespoir par cette utilisation contrastée de la ponctuation. Effectivement, les points de suspension sont suivis d'un point d'interrogation puis même d'un point d'exclamation. Puis, le point de vue change pour la dernière fois afin de conclure cette scène d'expiation. [...]
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