Les Fausses Confidences, scène 10, acte I, Marivaux, 16 mars 1737, Comédiens italiens, relations sociales hiérarchisées
Le 16 mars 1737 est représentée pour la première fois Les Fausses Confidences, comédie en trois actes et en prose jouée par les Comédiens italiens à l'Hôtel de Bourgogne.
Dans cette pièce, Araminte — une femme très riche et fille de Madame Argante — est amoureuse de Dorante, fils de monsieur Remy, incomparablement plus pauvre qu'elle, et qui se fait passer pour un intendant. Or, le public le sait bien avant même le début de la représentation, il s'agit d'une comédie, et qui donc impose à son dénouement que les amants soient réunis. Marivaux se plait cependant à multiplier les obstacles sur la route matrimoniale de Dorante : la scène 10 de l'acte I constitue par exemple l'une de ces scènes qui permet aux différents « noeuds » qui parsèment l'histoire de se mettre en place. Dans cette scène, madame Argante, la mère d'Araminte, fait pour la première fois son apparition sur scène. On y apprend en outre qu'elle est particulièrement soucieuse de n'être plus bourgeoise, elle fait part à Dorante, dont elle se méfie, de la volonté de marier sa fille au riche comte Dorimont.
Madame Argante demande alors à ce dernier de dissuader sa fille de plaider contre le comte, tous deux en procès.
[...] Le terme charmer a quant à lui une connotation presque magique : dans un sens vieilli, il désigne en effet le fait de se soumettre à un pouvoir magique, comme l'indique son étymologie latine carmen, la formule magique, l'incantation. Madame Argante tire donc du fait que sa fille devienne noble une certaine fatuité, comme si ce titre l'embaumait de quelque chose de plus qu'humain, d'un pouvoir magique. L'attraction que madame Argante a envers le comte n'est cependant en rien justifiée par le cœur, mais uniquement par ses titres et son argent. [...]
[...] ZANNIER Paolo Pour le 17 avril 2015 LS3 Français Commentaire - Les Fausses Confidences Le 16 mars 1737 est représentée pour la première fois Les Fausses Confidences, comédie en trois actes et en prose jouée par les Comédiens italiens à l'Hôtel de Bourgogne. Dans cette pièce, Araminte une femme très riche et fille de Madame Argante est amoureuse de Dorante, fils de monsieur Remy, incomparablement plus pauvre qu'elle, et qui se fait passer pour un intendant. Or, le public le sait bien avant même le début de la représentation, il s'agit d'une comédie, et qui donc impose à son dénouement que les amants soient réunis. [...]
[...] C'est ainsi qu'on trouve dans le texte de nombreuses références à l'acte sexuel. Citons par exemple la phrase de Marton : C'est un petit trait de morale qui ne gâte rien à notre affaire On peut aisément penser que cette phrase soit prononcée sur un ton taquin dans la mesure où le petit trait peut être une représentation stylisée et symbolique du phallus ithyphallique. De même, le terme gâter peut évoquer à la fois le fait d'altérer ou de corrompre dans son sens courant, mais il peut aussi évoquer la gâterie, faveur sexuelle (fellation ou masturbation). [...]
[...] Au contraire, madame Argante semble avoir un caractère cyclique ou tout du moins des réactions prévisibles. L'idée selon laquelle la vision du monde de chaque personnage se trouve déformée par son statut social est particulièrement visible dans la réplique de madame Argante : Morale subalterne qui me déplaît Le fait que la principale de cette phrase n'ait pas de verbe permet d'exprimer le mécontentement et l'irritation de madame Argante. Alors qu'on pourrait être tenté de penser qu'il n'existe qu'une seule morale, tout comme il n'existe a priori qu'une seule vérité dans la stricte continuité de la philosophie de Lumières, madame Argante procède à une hiérarchisation des morales, puisqu'il existe une morale subalterne tout comme on parle par exemple d'un officier subalterne dans l'armée. [...]
[...] On peut donc penser qu'il est attaché aux valeurs de justice, ou tout du moins de jugement équitable. D'autre part, cette scène se présente sous la forme d'un jugement où madame Argante serait la juge, Dorante l'accusé et Marton l'avocate plaidant la cause de son client. Comme le montre la succession de questions de madame Argante, Dorante subit une sorte d'interrogatoire où les doutes quant à ses capacités sont exprimés, comme avec la conjonction de coordination et dans Et de chez qui sortez-vous ? Cela indique les suspicions de madame Argante. [...]
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