Les Fausses Confidences - Marivaux (1737) - La ruse et la manipulation peuvent-elles s'avérer être avantageuses ? Le mensonge peut-il servir à déceler la vérité ?

Thèmes abordés

dramaturgie, Marivaux, Littérature, Les Fausses Confidences, Don Juan ou le Festin de pierre, Molière, On ne badine pas avec l'amour, manipulation, comédie

Résumé du document

Le stratagème est une ruse habile permettant à quelqu'un d'arriver à ses fins ou d'obtenir un avantage. Cette méthode est très utilisée au théâtre et plus particulièrement dans les comédies. Marivaux est un dramaturge du XVIIIe siècle qui utilise le stratagème dans plusieurs de ses pièces, notamment dans Les Fausses Confidences, qu'il a écrite en 1737. Cette pièce met en scène Dorante, un bourgeois ruiné amoureux d'Araminte, une veuve riche et belle. Dubois, l'ancien valet de Dorante passé au service d'Araminte met en place un stratagème : Dorante est engagé comme intendant auprès d'Araminte afin de pouvoir la séduire. Cependant, Araminte est déjà promise au Comte Dorimont. Tout le long de l'intrigue vont se suivre de fausses confidences qui vont mener, une à une, au dénouement de la pièce : les aveux de Dorante et Araminte sur leur amour.

Extraits

[...] C'est grâce aux stratagèmes de Dubois qu'elle va faire passer ses sentiments avant ses intérêts. Il y a également la question sociale sur deux points : Araminte étant fortunée et Dorante ruinés, ils n'appartiennent pas à la même classe sociale et sont donc socialement incompatibles. Pourtant, dès le début, dans l'acte scène Dubois déclare que l'amour triomphera sur cette question sociale « on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes [ . [...]

[...] C'est grâce aux mensonges et aux belles paroles que vient le deuxième aspect négatif du stratagème : la manipulation. La manipulation est une manœuvre destinée à tromper quelqu'un, à l'amener insidieusement à tel ou tel comportement, ou à le diriger à sa guise. Nous pouvons prendre l'exemple de la scène de la lettre, acte II, scène 13, qui regroupe mensonge et manipulation : Araminte fait écrire une lettre à Dorante, dans laquelle elle dit au Comte Dorimont qu'elle accepte de se marier avec lui. Ceci est un stratagème visant à ce que Dorante avoue ses sentiments. [...]

[...] La manipulation et le mensonge amènent à une autre issue : la douleur. Les personnages sont souvent ébranlés par ce qu'il se passe ou ce qui est révélé. Nous pouvons prendre l'exemple encore une fois de l'acte II, scène 13, où Araminte fait écrire la lettre destinée au Comte Dorimont par Dorante. Dans cette scène, Dorante est en pleine souffrance « Ciel  Je suis perdu. » Et même Araminte le remarque « Il souffre, mais il ne dit mot ». Dorante est ici malmené par les ruses de l'amour, puisque Araminte le manipule à son tour. [...]

[...] Araminte et Dorante ont enfin dévoilé leur amour et peuvent à présent être heureux. Il faut bien se rappeler ici que le mérite revient à Dubois, le stratège, qui n'est que le valet. Il a donc également réussi grâce aux stratagèmes, à passer outre la question sociale. Nous pouvons retrouver différentes formes de stratèges dans d'autres pièces de théâtre, comme la maitrise du langage dans Don Juan de Molière ou le stratagème amoureux dans Phèdre de Racine ou dans On ne badine pas avec l'amour De Musset. [...]

[...] Il explique également que pour cela, il doit arrêter d'être l'intendant d'Araminte. Sous cet aveu, Araminte affirme qu'elle veut le garder et c'est à son tour de dévoiler en quelque sorte qu'elle l'aime en retour. L'acte III, la scène 12 est la scène des aveux : Araminte dévoile ses sentiments à Dorante, et Dorante dévoile les stratagèmes de Dubois qui ont conduit au bonheur partagé. La vérité triomphe, ce qui met alors un terme à l'intrigue. Dans les Fausses Confidences, le stratagème permet également le bon dénouement de l'intrigue. [...]