« Les innombrables livres, brochures, conférences, expériences spirites s'efforcent de prouver expérimentalement la réalité de la survie. L'occultisme emprunte les visages et les armes de la science pour ressusciter les certitudes que la science a détruites. »
(Edgar Morin, L'homme et la mort, Point/Seuil, p.178)
Dans les démarches qu'il a entreprises pour légitimer la réalité de la survie, l'occultisme se caractérise par sa recherche éperdue de reconnaissance scientifique.
Pour comprendre cette situation particulière, il est nécessaire de placer cette assertion dans son contexte historique.
[...] Les sciences occultes sont particulièrement tournées vers la mort. Au XIXe siècle, on observe le début de l'angoisse moderne de la mort. Auparavant, cette dernière était considérée comme faisant partie intégrante du processus de la vie[4]. Le magnétisme, à travers l'hypnose et le somnambulisme, donne accès aux esprits des vivants ou des morts. D'après Edgar Poe, dans Révélations magnétiques, le magnétisme peut mettre un sujet dans un état proche de la mort. Le magnétiseur est perçu comme une sorte de nécromancien[5] : il fascine, car il a un certain pouvoir sur les esprits. [...]
[...] Le cadre composé par cette société scientifique est utile pour attester de la véracité du récit. Ce procédé apparaît aussi dans Frankenstein ou l'Eve future : les personnages principaux ont recours à l'électricité pour faire vivre leur création. L'emploi de techniques nouvelles, comme l'électricité, démontre une volonté de la part des auteurs de montrer qu'ils sont au courant des dernières avancées de la science. L'occultisme se veut scientifique, mais il se fonde uniquement sur l'empirisme[10], procédé qui n'est plus reconnu au XXIe siècle. [...]
[...] Nos auteurs y croient et le démontrent de façon parfois troublante. La démarche expérimentale adoptée par les sciences occultes est reconnue et fortement pratiquée au XIXe siècle. Comme déjà mentionné précédemment, à cette époque, l'empirisme est le moyen de validation de la science positive. Cette dernière permet de concilier science et surnaturel, car elle appartient à la science et admet les caractères inexpliqués du surnaturel. De plus, les sciences occultes connaissent un succès plus grand que celui des sciences positives, car elles répondent à un besoin d'être rassuré quant à la question de la survie après la mort. [...]
[...] Car l'attitude scientifique veut prouver ce que les sciences occultes ne parviennent pas à faire. Selon moi, l'être humain a besoin de surnaturel et pas toujours d'explications rationnelles. De plus, la question de la survie après la mort reste encore aujourd'hui en suspens, et donc d'actualité, il y a toujours une tendance à la reconnaissance de sciences parallèles. Pour conclure, j'ajouterai que je me range aux côtés du baron de Féroë en déclarant : Ne cherchez pas à expliquer l'inexplicable. [...]
[...] Y a-t-il quelque chose après la mort ? La mort ne peut-elle pas, somme toute, n'être que néant ? L'âme survit-elle à la mort du corps ? L'accroissement des connaissances de la science ne fait qu'augmenter les points de contact avec l'inconnu qui l'environne. Autrement dit, plus la science avance, plus elle constate la petitesse de son savoir, et le nombre effarant de choses qu'il reste encore à découvrir. La peur générée par la science devient une angoisse existentielle : peur de la peur qui mène à la mort. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture