Ironie dramatique, Prestre taint, Le Prestre crucifié, prêtre Gerbaut, chute du fabliau, littérature médiévale, aspect comique du stratagème, double énonciation, mouvements du texte, intrusion du prêtre, Michel Zink, dupe comique, discours direct
Les fabliaux ont la réputation de dresser un portrait sévère des femmes et des hommes d'Eglise. Dans une variante du Prestre taint, intitulée Le Prestre crucifié, le mari piège son épouse adultère et son amant, un prêtre, en revenant chez lui de façon impromptue. Si le prêtre est alors mutilé par le mari en colère, Gautier le Leu préfère une fin plus légère pour son fabliau. En effet, dans Le Prestre taint, une femme vertueuse, bourgeoise, qualifiée de « bonne dame » au vers 46, refuse les avances du prêtre Gerbaut. Comme souvent dans la littérature médiévale, la femme est objet de désir. Il ne s'agit pas du noble désir du chevalier pour sa Dame, comme on pourrait le trouver dans la forme des lais, ni d'un désir qui entache la femme, critiquée pour ses mauvaises moeurs comme souvent dans les fabliaux.
[...] - Le vers 310 permet d'amorcer la mise en œuvre du stratagème. Le cadre spatio-temporel est indiqué : nous sommes autour du foyer, « quant cele nuit fu passee ». L'obscurité permet d'envelopper la scène dans une atmosphère mystérieuse, propre au piège et à laisser l'auditeur en suspens. Il sait qu'il s'agit de la première étape du piège, tel qu'annoncé par Sire Picot des vers 296 à 307. - Tout le monde disparaît entre les vers 311 à 313 : « sire Picot » et « ses serjans » (ses serviteurs) sortent sans raison invoquée. [...]
[...] L'ironie dramatique permet ainsi d'apprécier toute l'ironie de la scène. Conclusion Ce passage est savamment orchestré pour faire du temps un élément qui retiendra l'attention de l'auditoire. Les chassés-croisés se jouent à peu, l'étirement du temps et son resserrement permettent de créer un suspens autour du stratagème inventé par les époux. L'auditoire sait qu'attendre, et c'est pourquoi il est si impliqué : sans l'horizon d'attente préparé dans le passage précédent le texte, l'aspect comique aurait été anéanti. C'est l'ironie dramatique qui fait du passage un moment de tension et qui fait attendre la chute. [...]
[...] Nous assistons à présent au récit de la mise en œuvre du stratagème annoncé avant le vers 310, où le mari décide de la punition du prêtre ainsi que de ses détails, qu'il explique à son épouse. L'auditeur sait ce qui attend le prêtre : se crée ainsi une forme d'ironie dramatique où le récepteur du fabliau en sait davantage que le personnage du prêtre qui se présente naïvement chez le couple. Cela implique l'auditeur dans l'histoire et lui permet de comprendre les ressorts comiques des actions et des paroles, qui ont souvent un double sens. C'est pourquoi la double énonciation est une clé importante dans la compréhension de ce passage. [...]
[...] Les conditions vont bientôt être réunies pour piéger le prêtre. - L'expression « a bele chiere » exprime le fait que son visage semble heureux. Il s'agit d'un un masque porté pour jouer la comédie et se moquer du mauvais homme d'Eglise. - Le récit est de plus en plus dynamique avec l'insertion d'un dialogue direct et la forme impérative que la femme utilise pour impliquer la chambrière dans son stratagème aux vers 327 et 328 « Va . clo . prens ». [...]
[...] La demande de fermer la porte permet de cloisonner l'espace domestique. Après avoir remplacé le mari parti, le prêtre est pris au piège. II. Un jeu de dupes comique, seulement intelligible par l'auditeur du fabliau, se met en place. - Le récit gagne en vitesse avec des accumulations d'actions : « fet, ferme, a prise, avait ocise , plumee l'a et enhastee » : la servante et la femme mettent en œuvre les actions demandées par le mari. On a l'image d'une femme obéissante, qui ne trompe pas son mari, ni par l'adultère, ni en l'illusionnant. [...]
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