Fables de Jean de La Fontaine (2002), Le loup et les bergers, commentaire de texte, morale du fabuliste, allégorie, critique des Hommes, comportements humains, procédés rhétoriques, monologue délibératif, ironie
Dans la préface de la présente édition, Jean-Charles Darmont fait la déclaration suivante : "Comme si la fable, par l'art d'écrire si complexe qu'elle fait agir sur les imaginations et les mémoires, continuait à exercer ses pouvoirs d'allégorie et d'ironie avec une efficacité supérieure, là où un discours plus direct ne suffit pas". Dans cette fable intitulée "Le loup et les bergers", la forme allégorique semble en effet indispensable, car le fabuliste critique des comportements humains qui sont susceptibles de concerner le lecteur. C'est pourquoi Jean de la Fontaine fait preuve d'une très grande habileté en mettant en scène un loup qui réfléchit sur ses conditions d'existence.
Par divers procédés rhétoriques, ce loup remporte l'adhésion du lecteur qui est ensuite prêt à écouter et à considérer la critique de son propre comportement. Ce qui étonne à la lecture est que le fabuliste nous fait adopter le point de vue du loup pour critiquer l'attitude des Hommes tout comme la position du loup, ordinairement coupable, mais ici victime, confronté aux Hommes où il n'est plus en position de force. Le loup est empreint d'humanité. Comment le fabuliste parvient-il a nous faire adopter le point de vue du loup et accepter la critique de propre comportement ?
[...] « Fit un jour sur sa cruauté » = introspection du loup, réflexion sur son propre comportement = confirme son caractère humain « Quoiqu'il ne l'exerça que par nécessité » = subordonnée restrictive en faveur du loup : il n'est pas cruel par nature ou par plaisir et ne montre ce caractère que s'il ne peut faire autrement. Parti pris du fabuliste pour le loup, il tente de convaincre le lecteur ou l'auditoire de sa moralité. Image du loup davantage positive que dans les autres fables : il n'est plus présenté comme un agresseur mais comme une victime. [...]
[...] Mais voyant que leur comportement est injuste et immoral puisqu'ils se servent de leur force pour instaurer des règles qui privent les autres animaux de nourriture. Ainsi, on peut voir que l'homme reproduit exactement le comportement qu'il reproche au loup. Si l'homme souhaite que les plus faibles cessent de l'importuner en réclamant l'équité, il doit lui-même modifier son comportement pour l'instaurer. [...]
[...] -« Tête à prix » = acharnement, chasse au loup qui est un moyen de déchaîner la colère populaire - « bans » = exclusion de la soc. = bouc émissaire - « hobereau » valeur très dépréciative, le loup condamne vivement la mesure en critiquant la personne même du roi v11 à 14 : octosyllabes : vers plus court qui sont autant d'attaques contre les loups ; tels des pics lancés pour les blesser et les faire souffrir en compliquant leur existence. [...]
[...] Pour ne pas la partager avec le loup, il fait preuve de mauvaise foi qui s'appuie sur sa supériorité (numérique). Il y a donc une critique explicite du comportement humain qui abuse des espèces plus faibles que lui, ne serait-ce qu'en mangeant de la viande sans veiller à en laisser suffisamment pour les autres animaux. Second discours du loup : description de la scène qui met en relief l'immoralité de l'homme (contrairement à la moralité du loup) par la question rhétorique « Et moi, Loup, j'en ferai scrupule ? [...]
[...] On peut donc voir dans ce loup la représentation de tous les bouc-émissaire, qu'ils soient humains ou non. -« Jupiter là-haut est étourdi de leur cri » = hyperbole qui peut qualifier à la fois le bruit des hommes au sens propre, c'est-à-dire les cris qu'ils poussent à la vue d'un loup manifestant leur volonté de l'abattre et au sens figuré, c'est-à-dire le bruit comme rumeur, prolifération de leurs lamentations contre le loup (qu'elles soient justifiées ou non) - « C'est par là que de loups l'Angleterre est déserte » Le fabuliste insère un fait politique réel dans sa fable : donne un caractère réel à l'argumentation du loup, lien entre le récit imaginaire et la réalité = explicite la réflexion sur la société en donnant un exemple concret : allusion au roi des Anglo-Saxons Edgar le Pacifique (944-975) qui décréta que les seigneurs anglais seraient dispensés de payer l'impôt s'ils lui envoyaient trois cents têtes de loups. [...]
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