La formule marque la valeur de la modération : ni trop ni trop peu en est une variant qui indique qu'il y a deux excès qui se rejoignent, l'excès du plein et l'excès du vide. La fable de la Fontaine invite à s'interroger sur la raison pour laquelle le conseil reste un vain mot, une formule vide de contenu, d'action. Le réalisme semble accorder l'impossibilité pour l'homme de s'accorder dans les actes avec cette modération pourtant prônée. Pourquoi ?
L'hypothèse de travail nous amène à faire intervenir le désir comme motif d'explication. L'homme est un être de désir, est-ce cette tendance forte, représentative de l'humanité - puisque l'animal n'a que des besoins -qui pousserait l'homme vers l'excès ? L'accusation mérite qu'on y réfléchisse : le désir nous empêche-t-il de nous modérer ? Est-ce le cas pour n'importe quel désir ?
Que faire de ce constat d'accusation ? Comment le saisir avec modération sans rejeter l'ensemble des désirs ? Y a-t-il une possibilité de désirer compatible avec la formule « rien de trop » ?
[...] Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l'âme se dissipe, le vivant n'ayant plus à courir comme après l'objet d'un manque, ni à rechercher cet autre par lequel le bien, de l'âme et du corps serait comblé. C'est alors que nous avons besoin de plaisir : quand le plaisir nous torture par sa non-présence. Autrement, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir. Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. [...]
[...] Philosophiquement, le bouc émissaire transcende la violence et par là fonde le sacré. Ainsi la multiplication des objets consommables, leur obtention rendue possible seulement par les contraintes pécuniaires, maintient le mécanisme mais le désacralise : le désir obsessionnel d'avoir ce que l'autre possède déjà, de me comparer à lui constamment réduit le désir à l'envie, au compulsif (compulsion d'achat), il n'y a plus de désir seulement la trace d'un comportement acquis, d'un réflexe conditionné. C. Conceptualisation du désir Le désir n'est pas le besoin. [...]
[...] Cette transcendance suppose que l'on ne se dévoie pas pour préférer le bien-être corporel et la satisfaction du ventre ; c'est une des leçons de Platon, le corps est l'oubli de l'âme lorsqu'il est repu. Pourtant c'est avec la comparaison du corps que Platon présente l'analogie la plus convaincante du désir comme puissance : le désir est puissance d'enfantement selon le corps et selon l'âme. Deuxième interprétation du laisser à désirer : la maturité du jugement a. Epicure. On peut distinguer le désir lié à la survie (besoin), celui qui apaise la souffrance et celui qui permet le bien être du corps et de l'esprit. [...]
[...] Il donne un sens nouveau au besoin qui ne concerne que l'animal de telle manière qu'on peut affirmer que le désir concerne l'humanisation de l'homme, cette transgression hors de la loi générale du vivant (besoins fondamentaux de survie) : le désir est dépassement de soi, création Concept sans contenu d'où un certain paradoxe sans lequel on ne saisit pas le désir : il est et il n'est pas, il a un objet et il n'en a pas etc. Paradoxe qui pointe l'énigme de l'être. Désir comme dynamique pure. Cette conceptualisation permet alors de saisir en quoi il y a excès : il y a excès lorsque le désir ne tient pas compte de son sens, la capacité de création et qu'il se fixe sur des objets particuliers, inadéquats qui voue la satisfaction à l'échec. Cercle sans fin du désir pulsionnel et de la frustration. Alors rien ne suffit au désir. [...]
[...] Nous nous étions demandé si le désir était responsable de cet état de fait. Au final l'hypothèse se révèle trop générale :si la pluralité des désirs pousse à l'excès comme le renversement excessif de la disparition du désir, le concept de désir est intrinsèquement lié à l'essence de l'homme à sa force vitale, à sa capacité de création qui le distingue de l'inanimé. De là la lecture du conseil est davantage apaisée : il ne s'agit pas de condamner en bloc les désirs, de dramatiser par exemple une opposition entre désir et raison mais simplement d'équilibrer le désir vital à l'homme avec la réalité comme condition de vie de l'homme. [...]
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