Humour, Fable, Jean de La Fontaine, régime descriptif, Le lion et le moucheron, L'ivrogne et sa femme, La femme noyée, Le loup et le chasseur, Le berger et son troupeau, Master 1 de littérature, moralism, bêtise humaine, objet désiré, prise de parole, réalité, illusion, perception, ethos, fabuliste badin, autodérision
Ce document contient un commentaire de corpus de texte. Le corpus est constitué des fables suivantes de Jean de La Fontaine :
- « Le lion et le moucheron », II.9
- « L'ivrogne et sa femme », III.7
- « La femme noyée », III.16
- « Le loup et le chasseur », VIII.27
- « Le berger et son troupeau », IX.19
Dans la préface à ses Fables, Jean de La Fontaine prend la « gaieté » comme maître mot. Bien que les Fables soient restées connues pour leur structure caractéristique, composée d'une historiette et d'une morale, elles sont davantage régies par un régime descriptif que prescriptif. Ce ne sont pas tant des travers humains qui sont critiqués qu'une représentation, parfois presque théâtrale, de la bêtise humaine qui est mise en scène. Symboliquement, la morale est souvent brève (lorsqu'elle est explicitée) pour laisser un plus large développement au récit de fiction. Le rire prend alors toujours le dessus sur la morale et le narrateur ne se présente pas tant comme moraliste que comme fabuliste : invraisemblance, absurde et merveilleux représentent des choix d'écriture clairement affichés.
[...] Les Fables jouent ainsi sur la représentation du contre-exemple plutôt que de l'exemple, de l'immoral plutôt que du moral et de l'interdit plutôt que de la prescription. « La femme noyée » est proche du régime des fables précédentes, à ceci près que le fabuliste-moraliste se met en scène dans une première personne du singulier qui introduit et conclut la fable. L'observation est alors d'autant plus affichée qu'elle apparaît comme une pure opinion personnelle (« Je ne suis pas de ceux qui disent [ . ] / Je dis que [ . [...]
[...] Ainsi, le basculement de l'alexandrin vers l'octosyllabe est souvent significatif. Dans « Le lion et le moucheron », un enchaînement d'octosyllabes se détache des vers 5 à 14 : il s'agit de la provocation et de l'attaque du moucheron, petit insecte auquel convient sans doute mieux l'octosyllabe, vers de moindre mesure que l'alexandrin. Outre ce clin d'œil à la différence de taille qui sépare l'insecte de l'animal, l'usage de deux vers distincts permet au fabuliste de souligner certains passages de sa fable, souvent plus dramatiques ou plus moraux. [...]
[...] La prise de parole, principal révélateur de la bêtise Le moraliste dépeint les défauts humains, rendus évidents par les actions et les paroles des personnages. Le ridicule de ceux-ci s'accentue au fil du récit, notamment avec leurs prises de parole. Loin de manifester le logos, elles sont plus volontiers révélatrices du ridicule des personnages. Le chasseur dans « Le loup et le chasseur » est déjà ridiculisé par les interventions du narrateur soulignant sa démesure : « la proie était honnête » (vers « c'était assez de biens. [...]
[...] ] et rencontre en chemin / L'embuscade d'une araignée » (vers 32-33). C'est selon la même rupture de rythme qu'apparaît le commentaire ironique du fabuliste aux vers 16 et 17 (« Et cette alarme universelle / Est l'ouvrage d'un moucheron »), dans deux octosyllabes liés par un enjambement renforçant le caractère oral du propos, mis en exergue théâtralement, à la manière d'un aparté. Les ruptures de rythme internes au vers, tel le rejet du vers 14 (« [ . ] fond sur le cou / Du Lion ») révèlent avec humour l'enchaînement rapide des attaques du moucheron et la surprise de son adversaire, pris au dépourvu. [...]
[...] La conjonction du vers 21 « alors » agit comme un lien logique subjectif : la mise en scène de sa femme ne semble provoquer chez lui aucune réaction puisqu'elle est décrite en une seule phrase (vers 17-20). En revanche, il semble que la présentation du chaudeau soit ce qui suscite un émoi, chez l'ivrogne « [ne doutant] en aucune manière / Qu'il ne soit citoyen d'enfer » (vers 21-22). L'interrogation du dernier vers souligne d'ailleurs que l'ivrogne est davantage préoccupé par l'abstinence que par les figures sataniques. [...]
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