Littérature, Philosophie, Lettres modernes, enjeux politiques, Fables de La Fontaine, Livre XI des Fables de La Fontaine, Le songe d'un habitant du mogol, Jean de La Fontaine, recueil de fables, récit de voyage, fable morale, mythologie grecque, fantasme, vie de Cour, classicisme, solitude, exil, prétention humaine, réalisme, théâtre, sens de l'humanité
Si la fable apparaît au XVIIe siècle, notamment sous la plume de Jean de La Fontaine, comme un genre éculé à la fois consacré et divertissant en ses formes, tant par son goût de l'intrigue, érigé à travers des tournures fictionnelles inédites, des dialogues saisissants subtilement conduits le long d'un récit où toutes les ressources linguistiques apparaissent mobilisées pour conduire à l'exposition didactique et moralisatrice, l'oeuvre ici du fabuliste n'en demeure pas moins surprenante et évolutive, ménageant des effets, certaines fois plus incisifs, et une introspection plus rare, après les cimes d'une carrière teintée de réussite et de faste. Le Songe d'un habitant du Mogol, fable 4 extrait du livre XI, est de ceux-là.
[...] La vie de Cour comme espace de réflexion Le rejet d'une vie de biens est mis au profit du repos. La quête humaine semble réduite à l'acquisition/accumulation de « biens » avec lesquels contrastent les « purs/sans embarras ». « L'amour de la retraite » prend ici une dimension sensuelle et allégorique, située « loin du monde et du bruit ». Outre que « ses amants » y puisent une matière inépuisable, la sonorité des vers fait entrevoir la simplicité de l'exercice. [...]
[...] Fables de La Fontaine, Livre XI, Le songe d'un habitant du mogol - Jean de La Fontaine (1678) Le songe d'un habitant du Mogol de Jean de La Fontaine « Jadis certain Mogol vit en songe un Vizir, Aux champs Élysiens possesseur d'un plaisir, Aussi pur qu'infini, tant en prix qu'en durée ; Le même songeur vit en une autre contrée Un Hermite entouré de feux, Qui touchait de pitié même les malheureux. Le cas parut étrange, et contre l'ordinaire, Minos en ces deux morts semblait s'être mépris. [...]
[...] On lit, aussi, un rapprochement élogieux avec des vers de Saint Amand « Ô que j'aime la solitude Que ces lieux sacrés à la nuit, Éloignés du monde et du bruit, Plaisent à mon inquiétude » (« La Solitude » - 1623 - Marc-Antoine Girard de Saint-Amant). La restriction portée par les interrogatives futures « quand pourrai-je . » suggère cependant l'impossibilité présente pour l'auteur de se livrer à de tels desseins . À l'humilité du propos. Dans cette apostrophe, les adverbes mis en valeur à la fin de chacun des hémistiches sont en opposition (« Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais »). La locution prépositive « loin de » introduit ici une distorsion narrative entre les aspirations et la réalité du quotidien. [...]
[...] Dans le même temps, l'idée d'un royaume oriental imaginaire empreint de projections fantasmatiques favorise le contraste. Cette idée est confirmée par la flexibilité de la structure rythmique où octosyllabes et alexandrins varient offrant les étendues du songe à la cadence de l'interprétation. Il y a un abandon de l'édifice scolastique avec l'usage du suspens et de la suggestion. Des figures d'euphémismes et de suggestions hantent cette première partie du récit tendant à développer des capacités d'évocation, mais également à convoquer le questionnement de l'observateur « tant il en fut surpris ». [...]
[...] Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit goûter l'ombre et le frais ? Ô qui m'arrêtera sous vos sombres asiles Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des Villes, M'occuper tout entier, et m'apprendre des Cieux Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les noms et les vertus de ces clartés errantes, Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ? Que si je ne suis né pour de si grands projets, Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets Que je peigne en mes Vers quelque rive fleurie La Parque à filets d'or n'ourdira point ma vie ; Je ne dormirai point sous de riches lambris. [...]
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