Commentaire composé semi-rédigé de la fable du Livre XII de Jean de La Fontaine intitulée Le Philosophe scythe.
[...] D'autre part, le vers 5 avec son balancement régulier, l'anaphore du mot " homme " et la double comparaison avec les rois et les dieux mettent clairement en relief une situation enviable de bonheur, de plénitude, de perfection. La comparaison est d'ailleurs confirmée et prolongée par la comparaison au vers 6. Il faut voir enfin que le moraliste, en exposant la conception stoïcienne, définit, à contrario, la conception épicurienne. L'allégorie du Scythe elle, est explicitée dans la première partie de la moralité. Le lecteur comprend alors que les arbres et le jardin sont eux aussi métaphoriques et qu'il faut les prendre dans leurs analogies avec la nature humaine : le coeur, le corps et l'âme. [...]
[...] Chacun peut adopter celle qu'il préfère, mais le fabuliste accorde à la vie plaisante une importance qui vaut la peine d'être remarquée dans un siècle moraliste et janséniste. Et, au-delà de l'Antiquité, qui sert de cadre et de référence, et du siècle classique, la leçon vaut à toute époque : elle apprend qu'une morale souriante et humaine est toujours préférable à l'intransigeance des puristes. On peut rappeler ici à quel point La Fontaine rejoint Molière dans ce choix d'un art de vivre. [...]
[...] Et le comportement du philosophe est caractérisé par une violence destructrice qui s'oppose au discernement du sage. La tonalité hyperbolique de certaines expressions comme " à toute heure " (vers " universel abatis " (vers 24) et l'anaphore de tout (vers la succession de négations des vers 27 et 28 soulignent l'ampleur systématique des dégâts. Les verbes " couper " taille " tronque qui reprennent ceux qui avaient été utilisés pour le sage ont des connotations plus violentes, des sonorités plus dures, et figurent dans un contexte qui accentue leur valeur expressive. [...]
[...] L'autre vit en Grèce. L'opposition traditionnelle des lieux (pays barbare / pays civilisé) se retrouve dans l'opposition des caractéristiques des personnages : à l'adjectif " austère " (vers répondent les images du " jardin fleuri qui connotent un bonheur simple ainsi que les termes " satisfait " et " tranquille " (vers 6). Les deux personnages sont ainsi présentés d'emblée dans un système d'opposition que souligne d'ailleurs l'énoncé des objectifs du " philosophe " : mener une vie plus agréable. [...]
[...] Etait-il d'homme sage De mutiler ainsi ces pauvres habitants ? Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage ; Laissez agir la faux du temps : Ils iront aussi tôt border le noir rivage. - J'ôte le superflu, dit l'autre, et l'abattant, Le reste en profite d'autant. Le Scythe, retourné dans sa triste demeure, Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure ; Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis Un universel abatis. Il ôte de chez lui les branches les plus belles, Il tronque son Verger contre toute raison, Sans observer temps ni saison, Lunes ni vieilles ni nouvelles. [...]
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