Les derniers vers proposent une morale explicite ; mais l'ensemble de la fable est porteur de sens, par le choix des animaux et de leur personnification, et par les nombreuses intrusions du narrateur à l'intérieur même du récit (...)
[...] Nous étudierons ensuite la place du moraliste dans la fable, et la leçon à tirer du texte. I. La parodie de l'épopée et le registre héroï-comique Les références à l'Iliade La fable contient de nombreuses références à la guerre de Troie, qu'Homère a racontée dans l'Iliade. Les lieux en sont rappelés : Troie v3, et le Xanthe v5, un des noms du Scamandre, fleuve au bord duquel, selon l'Iliade, les dieux Arès et Aphrodite furent blessés par Diomède. L'allusion du vers 3 est directe : Amour, tu perdis Troie : la guerre de Troie fut en effet déclenchée par l'amour du troyen Pâris pour Hélène (citée au vers épouse de Ménélas, le roi de Sparte. [...]
[...] Les deux coqs treizième pièce du livre VII des Fables, est une réécriture de la fable Les Deux Coqs et l'Aigle d'Esope. Ce récit met en scène deux coqs qui se livrent un combat acharné pour obtenir les faveurs d'une poule. Si, comme à son habitude, La Fontaine développe le récit original afin de le rendre plus vivant, il se renouvelle lui-même en se référant à un autre auteur antique, Homère, dont il parodie l'Iliade. Il sera donc intéressant d'étudier l'écriture particulière de cette fable, qui joue avec les codes de l'épopée, et d'analyser la part accordée à la morale, et sa portée. [...]
[...] La Fontaine lance d'ailleurs une pique en direction de ceux qui ont de l'appétit pour ce genre de spectacle et qui accour[ent] pour assister à la violence. La morale finale Les derniers vers de la fable constituent la moralité telle qu'elle est attendue dans le genre de l'apologue. Elle se distingue par l'utilisation du présent de vérité générale, de la première personne du pluriel, et de l'impératif, qui situe le texte dans le registre didactique. La Fontaine s'éloigne alors d'Homère pour revenir à la fable d'Esope et à l'intervention du rapace, qui symbolise l'intervention du Sort Mais si Esope insistait sur le rôle des dieux qui par leur volonté réglaient le sort des hommes en fonction de leur superbe ou de leur humilité, La Fontaine semble privilégier la notion de hasard, et avec elle celle de prudence : nous devons pren[dre] garde à nous car rien n'est assuré pour l'homme, qui doit donc se méfier des aléas, des coups de la Fortune. [...]
[...] A travers Homère, c'est le genre même de l'épopée qui est parodié. Les marques du registre épique L'épopée, genre antique, est le récit à caractère dramatique des hauts faits des héros ; cette narration utilise un style spécifique, avec un niveau de langue soutenu, de nombreuses figures d'amplification et d'analogie : c'est ce que l'on appelle le registre épique. La Fontaine dans cette fable reprend les éléments du genre : il raconte une guerre dont le champ lexical est très développé, avec les verbes batt[re] s'exerc[er] s'arm[er] et les substantifs querelle combat vainqueur vaincu (v10) ou rival (v13). [...]
[...] Il en utilise les thèmes, les enjeux, le style, et place sa fable dans le registre héroï-comique, car il traite d'un sujet trivial : des animaux de basse-cour. La parodie, comme la personnification, lui permettent de caricaturer les défauts des hommes et d'en montrer le ridicule, donnant ainsi à la fable une portée satirique. La moralité finale livre aux hommes une leçon de vie, en les incitant à la prudence face aux caprices de la fortune. La Fontaine a donc écrit un récit plaisant, apparemment simple, qui se révèle être très riche tant du point de vue de l'écriture que du point de vue de la moralité. [...]
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