Après une ellipse d'un mois pendant lequel la jeune beauté a porté le deuil, elle se lasse et oublie progressivement. Dans cette partie, le récit domine sauf dans les deux derniers vers où le dialogue direct conclut la fable : la jeune femme, contrairement à sa décision initiale, demande où est le nouveau mari que lui avait promis son père (...)
[...] L'auteur semble vouloir nous dire que la norme est une juste mesure de ces sentiments. Du reste, on relèvera dès le premier vers, l'équivocité des soupirs. Certes, dans le contexte, il s'agit des soupirs de lamentation ; mais au 17ème siècle, ce terme est également synonyme de soupirs amoureux Cette équivocité est également soulevée par la rime avec plaisirs (vers qui renvoie ces premiers soupirs vers les plaisirs de la Veuve qui s'apprête à trouver un nouveau mari. La sagesse du père À l'inconstance de sa fille, le père oppose sa psychologie tranquille et la voix de la sagesse. [...]
[...] Cette fable constitue donc une conclusion paradoxale du premier recueil dans la mesure où l'auteur achève son texte par une tonalité différente des précédents, nous invitant à relire le recueil avec davantage de sérieux et de réflexion. Conclusion On retrouve dans cette fable l'expression de l'idéal classique qui semble tout naturellement porté par l'apologue : instruire et plaire Mais La jeune Veuve, dans son aspect paradoxal, forme une clôture de l'œuvre efficace car le sens n'est pas borné mais au contraire ouvert. En écrivant ce récit sobre mais également ironique, La Fontaine exprime son génie qui repose sur cette ambiguïté et cette facilité à passer du comique au sérieux moralisant. [...]
[...] Ces caractères des sentiments dénoncés ici sont en effet les principaux messages de cette fable : tout sentiment, même le plus noble, a son intensité atténuée par l'érosion du temps. Peut-être même cette volatilité ne s'applique-t-elle pas uniquement au deuil mais aussi à l'amour dont on sait l'importance chez les épicuriens. De même, le récit dénonce aussi l'exagération qui affecte également souvent les sentiments. Ainsi, c'est à la fois la tristesse de la veuve déplorant la mort de son mari et l'affectation des charmes de la veuve qui recherche un nouveau mari qui sont exagérées. [...]
[...] Au vers 29, on relève la même ambiguïté qu'avec les soupirs (vers quand l'auteur évoque les transports : ils peuvent évoquer à la fois le sentiment de tristesse et de douleur, mais également le sentiment amoureux. Une allusion à l'époque précieuse du 17ème siècle D'une manière plus générale, peut-être faut-il voir dans cette fable, un clin d'œil à l'époque précieuse du début du 17ème siècle. Cette jeune veuve vit dans l'excessivité de ses sentiments. Le passage entre le deuil et la renaissance à l'amour se fait significativement par les vêtements aux vers 38 et 39 : Le deuil enfin sert de parure, En attendant d'autres atours. [...]
[...] Jean de La Fontaine est l'un des fabulistes les plus connus en France. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, il publie plusieurs recueils de fables qui connaîtront un vif succès. D'après lui, la fable est un moyen d'instruire tout en plaisant. C'est un apologue en vers dans lequel les animaux et les hommes à travers des histoires simples et divertissantes préparent une leçon destinée au lecteur. La fable 21 du Livre VI, La jeune Veuve, a été inspirée à l'auteur par Abstémius, La femme qui pleurait son mari mourant et son père qui la consolait Ce récit souriant a toujours frappé les lecteurs de La Fontaine par son humour, sa justesse et la progression dont le texte fait preuve. [...]
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