Les 4 extraits présents ici sont tirés d'œuvres romanesques et mettent en avant chacun un aspect particulier de la condition humaine. Nous verrons tout d'abord l'aspect psychologique de l'Homme au travail dans l'extrait de Germinal de Emile Zola (1885).
Nous verrons ensuite que François Mauriac nous montre, dans Thérèse Desqueyroux (1927), une vision individualiste de l'homme ainsi que de son inconscience : cette vision s'oppose à celle que montre Albert Camus dans La peste (1947), où l'homme préfère la collectivité à son bonheur personnel, mais également selon une forme d'inconscience par certains.
Nous verrons enfin la vision de l'homme face à la mort que nous livre André Malraux dans La voie royale (1930).
[...] Il eût été pourtant facile, sans se compromettre, d'attirer l'attention du docteur sur l'arsenic que prenait Bernard. Elle aurait pu trouver une phrase comme celle-ci : Je ne m'en suis pas rendu compte au moment même . Nous étions tous affolés par cet incendie . mais je jurerais, maintenant, qu'il a pris une double dose . Elle demeura muette ; éprouva-t-elle seulement la tentation de parler ? L'acte qui, durant le déjeuner, était déjà en elle à son insu, commença alors d'émerger du fond de son être informe encore, mais à demi baigné de conscience. [...]
[...] Un moment après, Rambert et Rieux s'installaient à l'arrière de la voiture du docteur. Tarrou conduisait. Plus d'essence, dit celui-ci en démarrant. Demain, nous irons à pied. Docteur, dit Rambert, je ne pars pas et je veux rester avec vous. Tarrou ne broncha pas. Il continuait de conduire. Rieux semblait incapable d'émerger de sa fatigue. Et elle ? dit-il d'une voix sourde Balion donne des nouvelles d'un incendie de forêt : Thérèse et Bernard craignaient pour leur propriété Gouttes de Fowler : remède à base d'arsenic, dû au médecin anglais Thomas Fowler (1736-1801). [...]
[...] déclara Zacharie, quand il eut mis le nez dans son bol, en voilà un qui ne nous cassera pas la tête ! Maheu haussa les épaules d'un air résigné. Bah ! c'est chaud, c'est bon tout de même. Jeanlin avait ramassé les miettes des tartines et trempait une soupe7. Après avoir bu, Catherine acheva de vider la cafetière dans les gourdes de fer-blanc. Tous quatre, debout, mal éclairés par la chandelle fumeuse, avalaient en hâte. Y sommes-nous à la fin ! [...]
[...] Bernard rentre enfin : Pour une fois, tu as eu raison de ne pas t'agiter : c'est du côté de Mano que ça brûle . Il demande : Est-ce que j'ai pris mes gouttes ? et sans attendre la réponse, de nouveau il en fait tomber dans son verre. Elle s'est tue par paresse, sans doute, par fatigue. Qu'espère-t-elle à cette minute ? Impossible que j'aie prémédité de me taire. Pourtant, cette nuit-là, lorsqu'au chevet de Bernard vomissant et pleurant, le docteur Pédemay l'interrogea sur les incidents de la journée, elle ne dit rien de ce qu'elle avait vu à table. [...]
[...] Presque tous ces corps, perdus dans la nuit d'Europe ou le jour d'Asie, écrasés eux aussi par la vanité de leur vie, pleins de haine pour ceux qui au matin se réveilleraient, se consolaient avec des dieux. Ah ! qu'il en existât, pour pouvoir, au prix des peines éternelles, hurler, comme ces chiens, qu'aucune pensée divine, qu'aucune récompense future, que rien ne pouvait justifier la fin d'une existence humaine, pour échapper à la vanité de le hurler au calme absolu du jour, à ces yeux fermés, à ces dents ensanglantées qui continuaient à déchiqueter la peau ! [...]
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