Commentaire composé d'un extrait de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Il traite de la cruauté de la guerre, des sentiments et des réflexions du narrateur.
[...] Ce n'est pas un monde bipolaire qu'il nous décrit, les bons et les méchants, les bourreaux et les victimes, et encore moins les Français et les Allemands. Il faut voir ici une théorie unitaire de l'humanité, sombre et dévalorisante : jusqu'à quel point les hommes sont vaches (ligne tous les hommes ! C'est la société, des hommes bâtis comme vous et moi (ligne qui produit des monstres pareils. Par contre, si le pessimisme définitif avec lequel est dépeinte l'humanité ne se dément jamais, il n'invalide en aucun cas ni l'exigence de témoignage ni le devoir de mémoire qui redonnent du sens à ce qui s'est passé. [...]
[...] Cette patience est, dans le récit, inconcevable, inconvenante et inacceptable. Peut-être le narrateur nous fait-il part de son regret de l'avoir partagée. Au-delà de l'évocation de la cruauté de la guerre, le texte s'accompagne de l'expression forte de sentiments et d'une réflexion sur la condition humaine. Ce texte dégage incontestablement de la violence. Paradoxalement, ce n'est pas tant celle du contexte, ni même celle du monde militaire (pourtant tout à fait légitimes), que celle des sentiments de l'auteur qui hait ses chefs et raconte l'enfer partagé avec ses compagnons. [...]
[...] chique : morceau de tabac que l'on mâche. La locution figurée poser sa chique (on dit aussi avaler sa chique signifie mourir Son niveau de langue est familier. Vous commenterez le texte de Céline en vous appuyant sur le parcours de lecture suivant : - la cruauté de la guerre - les sentiments et la réflexion du narrateur La Première Guerre mondiale est un conflit qui remania complètement les frontières de l'Europe, fit disparaître quatre empires, causa plusieurs millions de morts et marqua physiquement et psychologiquement des millions d'hommes jeunes. [...]
[...] Ainsi, le paragraphe deux est composé d'une seule phrase qui développe, non pas le combat des soldats, mais les sentiments de ces hommes jetés en pâture à l'ennemi. Paradoxalement, pour un récit de guerre, il est très peu question des blessures atroces des soldats, telles qu'elles ne manquent pas de paraître dans toute évocation d'un tel conflit armé. La seule souffrance physique évoquée par un récit saisissant dans un registre pathétique est celle du cheval de Bardamu, à tel point qu'il préférerait le voir mourir pour qu'il ne souffre plus (ligne 21). [...]
[...] Au paragraphe deux, le souhait est exprimé : qu'on n'oublierait jamais, absolument jamais, qu'on avait découvert sur la terre un homme ( ) bien plus charognard que les crocodiles et les requins (lignes 8 à incitant là à ne pas oublier ce commandant, quoi qu'il puisse lui arriver. Le véritable combat de l'auteur, au-delà de celui de cette guerre, est celui de raconter, témoigner et se souvenir. Ainsi, la grande défaite (ligne 13) pour lui et ses compagnons, c'est d'oublier (ligne 13) les coupables des souffrances endurées. Le récit obéit alors, et c'est tout à fait normal, à une seule exigence, raconter tout sans changer un mot (ligne même si l'évocation doit occuper une vie tout entière (ligne 18). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture