I) Un incipit lyrique qui pose le contrat du pathos
II) Une suasoria qui met en place une réflexion morale
III) Le lecteur découvre ainsi la tragédie et l'épopée sous un jour nouveau
[...] Pénélope en devient réelle. Les pluriels « des dangers, les Troyens, des armes » peignent un monde empli de fracas et de sang. L'hyperbole finale sous sa forme d'antithèse semble destinée à frapper l'imagination par l'amplification Ovide joue sur le cruor pathétique augmenté par l'ignorance dans laquelle est plongée Pénélope. Le lecteur prend parti pour cette femme seule. II une suasoria qui met en place une réflexion morale A Déjà le personnage de Pénélope symbolise plusieurs des valeurs morales que l'Empire naissant cherche à restaurer « fidélité, piété, constance ». [...]
[...] Comment le pacte de lecture posé par les vingt premiers vers de cette lettre lyrique oriente-t-il le lecteur, vers une réflexion, sur le lyrisme, sur la vertu, mais aussi sur la fin d'un genre? Ovide cherche ainsi tout d'abord à créer un effet de pathos face à la solitude de Pénélope. Le rhéteur redoutable se souvient de l'efficacité des suasoriae qu'il a longtemps pratiquées et met en place le « Mos majorum » chère à son protecteur. Pourtant, derrière l'intention morale du dosseret apparaît une mise à distance de l'épopée et du tragique. [...]
[...] Ovide par les hypotyposes crée un effet pathétique Pénélope oppose deux visions opposées : les lieux s'opposent entre le « lit déserté » et les pluriels liés aux combats. La lettre crée un premier monde marqué par des images fortes « froide, vide, délaissée, privée . » qui attirent la pitié. La tapisserie devient un lieu de souffrance et éclaire le mythe d'un jour bien plus triste que dans la vision homérique. Le portrait est celui d'une désœuvrée, proche de celui d'Ariane quelques lettres plus loin. [...]
[...] Ainsi donc l'épître s'oppose au récit épique par la présence du corps aimant et la réalité de la séparation. Ovide propose un réel pacte novateur qui désacralise l'épopée tout en montrant les dangers des serments non tenus. Pénélope souffre et le lecteur découvre un pan inconnu du mythe homérique. Plus qu'une élégie triste, il réussit à proposer un retour aux valeurs morales, jouant ainsi sur les paradoxes. Sa recherche et son inventivité le conduiront sur d'autres expériences littéraires qui lui ôteront les faveurs de l'Empereur et le conduiront à l'exil. [...]
[...] B Le poids des mots Ovide cherche à symboliser l'échec du mythe qui se pose comme un récit distancié : Pénélope souhaite être dispensée de la parole de son mari et réclame sa réelle présence : les mots n'apaisent rien. Les verbes déclaratifs disparaissent du récit comme si l'imagination de Pénélope se passait du mythe : « je me représentais, si l'on me racontait, je déplorais » . c'est la proximité avec Ulysse qui crée l'émotion et non le mythe lui-même. [...]
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