Auteur d'origine russe, Andreï Makine a été récompensé en 1995 par le prix Goncourt pour Le Testament français. Cette œuvre évoque les liens affectifs et culturels entre la France et la Russie. Cet extrait prouve la fascination qu'exerce Paris sur deux enfants russes, le narrateur et sa sœur, mais aussi sur leur grand-mère qui, ayant vécu dans la capitale française, raconte ses souvenirs parisiens. Son récit provoque chez les enfants un voyage imaginaire où onirisme et réalité se mêlent.
Ce texte nous donne donc à voir une ville fantastique qui apparaît peu à peu. Mais ce qui semble être une sorte de rêve éveillé est en fait nourri par la réalité d'une parole récitante qui fait ici la démonstration de son pouvoir.
[...] Et le récit devient celui d'un voyage fabuleux et fantastique. Le thème du mouvement domine. L'élan des enfants suggéré par leur attitude, «penchés par-dessus la rampe s'amplifie puisqu'ils deviennent sujets du verbe «s'élancer Le point de bascule est le balcon. Celui-ci se met peu à peu à bouger: balcon tanguait légèrement, se dérobant sous nos pieds, se mettant à planer Le rythme ternaire mime l'envol de ce «balcon volant sorte de tapis volant, et son côté extraordinaire est renforcé par l'association surprenante d'éléments maritimes tanguait») et aériens planant»). [...]
[...] L:effet d'attente présent dans tout le début du texte - que vont voir finalement les enfants ? - est repris dans la première phrase de ce même paragraphe: «Nous voyions maintenant sortir [ . ] les conglomérats noirs des immeubles, les flèches des cathédrales, les poteaux des réverbères - une ville ! Rythmée par trois compléments d'objet direct qui renvoient à un univers urbain, la syntaxe rejette à la fin de la phrase le mot «ville mis en valeur, qui plus est, par un tiret. [...]
[...] Sa nappe semblait s'éclaircir progressivement - d'une lumière mate, hivernale.Nous voyions maintenant sortir de cette marée fantastique les conglomérats noirs des immeubles, les flèches des cathédrales, les poteaux des réverbères - une ville! Géante, harmonieuse malgré les eaux qui inondaient ses avenues, une ville fantôme émergeait sous notre regard . Soudain, nous nous rendîmes compte que quelqu'un nous parlait depuis déjà un moment. Notre grand-mère nous parlait!Je devais avoir à l'époque presque le même âge que vous. C'était en hiver 1910. La Seine s'était transformée en une vraie mer. [...]
[...] Extrait de Le Testament français, Andreï Makine Auteur d'origine russe, Andreï Makine a été récompensé en 1995 du prix Goncourt pour Le Testament français. Cette œuvre évoque les liens affectifs et culturels entre la France et la Russie. Cet extrait prouve la fascination qu'exerce Paris sur deux enfants russes, le narrateur et sa sœur, mais aussi sur leur grand-mère qui, ayant vécu dans la capitale française, raconte ses souvenirs parisiens. Son récit provoque chez les enfants un voyage imaginaire où onirisme et réalité se mêlent. [...]
[...] Les Parisiens naviguaient en barque. Les rues ressemblaient à des rivières, les places à de grands lacs. Et ce qui étonnait le plus, c'était le silence . Sur notre balcon, nous entendions ce silence sommeillant de Paris inondé. Quelques clapotis de vagues au passage d'une barque, une voix assourdie au bout d'une avenue noyée.La France de notre grand-mère, telle une Atlantide brumeuse, sortait des flots. [...]
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