Dans l'incipit de Madame Bovary, le lecteur assiste, comme s'il était sur les bancs de la classe, à l'entrée d'un « nouveau » qui se signale aussitôt par son accoutrement ridicule. C'est aussi parmi les élèves que nous place Muriel Cerf dans un texte extrait de son roman autobiographique Les rois et les voleurs publié en 1975, mais c'est de l'entrée en scène d'un redoutable professeur de mathématiques que nous sommes les témoins.
Dans la mesure où il s'agit d'un récit rétrospectif, nous pouvons penser que l'attitude de l'enfant n'est plus celle de l'adulte qui nous rapporte ces faits : nous pouvons ainsi supposer l'existence de deux tonalités différentes dans ce texte : l'une sérieuse, voire dramatique, correspondant à la vision de l'action par l'enfant ; l'autre, comique, liée à la distance prise par la narratrice pour nous faire ce récit.
[...] b/elle la pèle, la coupe en lamelles : L'évocation du professeur se fait par un morcellement : le ventre/les yeux/la thyroïde on a l'impression de n'avoir plus que des morceaux de son corps sous les yeux, à différents endroits du texte. D'ailleurs le ventre est décrit comme une "montgolfière ( . ) indépendante" comme s'il était sur le point de se détacher du reste du corps. Le récit nous entraîne à l'intérieur même du personnage : nous voyons ses glandes, sa vésicule, comme si la peau du personnage avait été ôtée ! [...]
[...] En rappelant la devise du pain et des jeux ("Panem et circenses", l. Muriel CERF sous-entend que Benazouli organise ce spectacle non seulement pour son plaisir personnel mais aussi pour contenter son public. II La tonalité comique du récit : la narratrice s'amuse, rétrospectivement, de cet épisode Elle dédramatise les faits a/elle tourne en dérision la peur éprouvée par la classe : En utilisant des métaphores hyperboliques ("dévoré vif" . ) qu'elle juxtapose ensuite à un rappel de la réalité ("c'est-à-dire passerait au tableau", l. [...]
[...] animal inoffensif par excellence . L'ogre que redoutaient les enfants n'est plus qu'un petit animal . qu'avalerait sans problème un caméléon ! [...]
[...] Comme dans de nombreux contes, on trouve donc l'ogre prêt à dévorer les enfants : l'insistance sur la grosseur de Benazouli est ainsi à mettre en relation avec la cuisine qu'elle prépare . Elle se moque du professeur a/elle l'envoie au tableau : Le récit place Benazouli devant nos yeux, souvent d'ailleurs en tête de phrase, imitant ainsi ce qui se passait une fois que le crayon avait désigné l'élève à interroger. De même qu'Angèle se détache du reste des élèves, Benazouli ne peut échapper à nos regards : la narratrice ne la quitte pas des yeux, détaillant tous ses gestes avec précision : confer énumérations et 24). [...]
[...] mais lui redonne tout son sens puisque ce "vent" réussit à "coucher" les têtes des élèves. Un épisode où les élèves souffraient a/la cause de leur souffrance : le sadisme du professeur : Elle est prête à leur faire mal physiquement : elle caresse la règle avec laquelle elle les tape (l. la métaphore de la "caresse" montrant qu'elle ménage l'idée de souffrance et de plaisir. Ce mélange est confirmé aussi par l'image de la "valse diabolique" (l. 25) du crayon : la règle ressemblait à l'animal docile prêt à aider sa maîtresse à faire le mal, le crayon est personnifié pour devenir son complice ; de plus, l'idée de "valse" est associée normalement à celle de plaisir. [...]
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