Depuis son essor au XVIIe siècle, le genre romanesque s'attache bien souvent à analyser les différents phénomènes liés à l'amour, que ce soit la découverte d'une passion naissante, le combat contre cette dernière ou l'hypocrisie due à l'amour. Bien que le roman soit peu à peu délaissé pendant le Siècle des Lumières, il retrouve sous la plume de l'Abbé Prévost une candeur quelque peu oubliée des philosophes du XVIIIe siècle. Successivement intitulé L'histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, puis L'histoire de Manon Lescaut et enfin réduite à Manon Lescaut, le roman-mémoire de l'Abbé Prévost publié en 1731 fut l'objet de sévères critiques du fait de son immoralité. Septième tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité, ce roman décrit la passion déraisonnable d'un jeune homme de bonne famille, le chevalier des Grieux, pour une jeune femme de mœurs légères, afin de souligner les effets nocifs d'un amour-passion.
L'extrait, situé relativement au début du roman, correspond au récit de la rencontre entre les deux personnages : le chevalier des Grieux relate à son bienfaiteur sa passion dévorante et tragique. Comment le chevalier des Grieux retranscrit-il le début d'un amour aussi malheureux que fatal ? La rencontre de l'être aussitôt aimé et donc sublimé entraîne chez le personnage du chevalier des Grieux une modification du comportement, retranscrite sur le mode d'un récit postérieur à l'action.
[...] Commentaire composé d'un extrait de Manon Lescaut de l'Abbé Prévost : la rencontre entre Manon et le chevalier des Grieux Extrait étudié La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. [...]
[...] J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. [...]
[...] Le personnage du chevalier est sous les pouvoirs de l'amour et ne peut plus utiliser sa raison, contrairement à ce qu'il affirme à la ligne 17 : l'amour me rendait déjà ainsi éclairé Ce trait d'ironie de l'auteur relève de la parodie des rencontres amoureuses romanesques mais peut aussi être perçu comme une légère moquerie de la part de Prévost pour son personnage, puisque le thème de la lumière, fréquemment utilisé dans l'œuvre du XVIIIe siècle, est synonyme de raison (et donc d'absence de passion). Ainsi la rencontre, ici double puisque visuelle et langagière, se caractérise par une idéalisation du personnage de Manon qui, nullement décrit, apparaît comme un être irréel. L'amour qu'elle engendre aura sur le Chevalier des Grieux des effets importants qui détermineront son comportement tout au long du roman. [...]
[...] C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Introduction Depuis son essor au XVIIe siècle, le genre romanesque s'attache bien souvent à analyser les différents phénomènes liés à l'amour que ce soit la découverte d'une passion naissante, le combat contre cette dernière où l'hypocrisie due à l'amour. [...]
[...] Cet extrait fonctionne donc comme une prolepse. Conclusion Le ainsi, ce récit de rencontres amoureuses, semblables en de nombreux points à d'autres rencontres romanesques par la sublimation de l'être aimé, le trouble, le chaque affectif et l'arrêt du temps diffère aussi, que ce soit par l'absence d'un portrait (puisque Manon reste aux yeux du lecteur une jeune fille sans identité, passé, physique) l' août par l'annonce du malheur généré par l'amour naissant, qui deviendra passion. (Elargissement) Si le roman, par le peu de règles, semble propice à l'analyse psychologique des personnages et de l'amour, Marivaux, journaliste, romancier, mais surtout dramaturge du XVIIIe siècle écrivit un nombre important de pièces théâtrales analysant la découverte du sentiment amoureux : ses comédies dites, à juste titre, de l'amour (Le jeu de l'amour et du hasard ou Les fausses confidences) ont pour but de dénicher l'amour partout où il se sache (Marivaux). [...]
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