Les Géorgiques publié en 1981 est remarquable par les techniques narratives de Claude Simon : des phrases longues & denses, de minutieuses descriptions et des discontinuités. Ce style si particulier est également remarquable par ses personnages, dont l'identité est si difficile à construire.
Dans la famille du général, quelque chose échappe et l'on sent bien qu'un secret gravite autour de cette dynastie, faisant du cercle familial le lieu du tabou. Et si quelqu'un ressent ce poids plus que les autres, c'est bien la vieille dame, arrière-petite-fille du général.
Ce passage est le dernier fragment d'une phrase commencée dix pages plus tôt et coupée pendant six pages par une lettre de LSM. Le narrateur y évoque le placard où la vieille dame dissimule depuis de nombreuses années des papiers importants prouvant le fratricide du général. Mais si la vieille dame a accepté de garder ces documents secrets dans le but de sauver l'honneur de ses aïeux, elle rejetait profondément les convictions du général.
[...] Les Géorgiques de Claude Simon Les Géorgiques publié en 1981 est remarquable par les techniques narratives de Claude Simon : des phrases longues & denses, de minutieuses descriptions et des discontinuités. Ce style si particulier est également remarquable par ses personnages, dont l'identité est si difficile à construire. Dans la famille du général, quelque chose échappe et l'on sent bien qu'un secret gravite autour de cette dynastie, faisant du cercle familial le lieu du tabou. Et si quelqu'un ressent ce poids plus que les autres, c'est bien la vieille dame, arrière-petite-fille du général. [...]
[...] Dans la première partie du texte, on comprend bien que la vieille dame a espéré emporter avec elle le secret dans sa tombe comme le dit clairement ce fragment de phrase : qu'une fois morte, une fois la dernière chair du nom disparue, cela n'aurait alors plus d'importance La vieille dame a cru jusqu'au bout qu'à sa mort, le secret cesserait d'exister. On voit en effet que les deux sont extrêmement liés. On note ainsi le parallélisme des débuts de la première partie du texte (le corps) et de la deuxième partie (le secret). Les descriptions du cadavre de la vieille dame au milieu des plantes exotiques et le secret caché derrière le feuillage sont analogues. Ce passage du texte fonctionne donc comme un diptyque dans lequel la décomposition du cadavre de la vieille dame est liée au pourrissement des papiers. [...]
[...] Cette longue description de la maison de la vieille dame et en particulier ce passage du placard où sont enfouies les preuves du crime du général laissent apparaître de façon nette l'importance du secret dans la vie de la famille et en particulier de la vieille dame qui, ayant gardé cachés ces papiers au point qu'ils sont devenus un poids, se sent soulagée à l'idée de mourir. Mais c'est sans compter sur l'oncle Charles qui va distiller tout le secret puisque c'est lui qui va transmettre les papiers et donc faire éclater la vérité. Les efforts de la vieille dame ont donc été vains et ses angoisses inutiles. [...]
[...] Mais si la vieille dame a accepté de garder ces documents secrets dans le but de sauver l'honneur de ses aïeux, elle rejetait profondément les convictions du général. C'est pourquoi l'on sent bien dans ce passage que la mort a été vécue comme une délivrance par la vieille dame qui a longtemps vécu avec un secret trop lourd à porter. Pourtant, et malgré sa mort, le secret n'est pas prêt de disparaître. La vieille dame s'est toute sa vie durant exténuée à protéger le secret familial, mais l'on sent bien dans cet extrait que cela a été un véritable poids. [...]
[...] Le secret n'a pas été détruit et est donc toujours bien là. Par ailleurs, la vieille dame a fait toute sa vie durant le relais en LSM et elle en gardant les papiers liés au crime et en tâchant de ne révéler ce secret à personne. Mais même si elle a voulu le préserver, c'est aussi grâce à elle que le secret a été maintenu vivant et n'a pas été oublié de suite. Or la vieille dame ne peut pas figer ce qu'elle veut : le secret persiste derrière la porte du placard recouverte de papier peint. [...]
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