L'Education sentimentale de Flaubert est publié en 1869. Le roman relate la vie de Frédéric Moreau, jeune velléitaire incapable de forger son destin et qui laissera les évènements décider à sa place. L'action se déroule donc des années 1840 à 1876 et a pour toile de fond les journées révolutionnaires de 1848 et les mascarades politiques qui s'y jouent. Flaubert reprend dans ce roman les représentations de l'époque, mais de manière critique.
L'extrait proposé est situé de la troisième partie du roman, au chapitre 1. Au matin qui suit la nuit d'amour avec Rosanette, la Révolution du 24 février a éclaté. Flaubert décrit alors l'évolution des esprits face au climat nouveau.
On peut étudier le texte selon deux axes.
[...] Les injures en masse (comme les trois cafés plus haut dans le texte) discréditent les membres du Club, leur capacité à élaborer un discours constructif, .Flaubert, par ces commentaires ironiques traduit un nihilisme ; ou du moins un scepticisme généralisé devant toutes les actions politiques de son époque. Le maçon en colère est réduit à néant puisqu'il n'est capable que d'actions violentes voulait se battre se cramponnait à son banc Et on voit que, pour finir, il est mis dehors, il est exclu du Club .La dernière phrase Trois hommes ne furent pas de trop montre bien que l'homme était incontrôlable, à l'image de sa parole .Il est mis dehors comme un ivrogne pourrait l'être d'un bar, et cela ne dresse pas un portrait très reluisant du personnage. [...]
[...] Cet épisode se clôt d'ailleurs comme au théâtre : on peut désormais changer de scène puisqu'un des personnages est sorti. À la veille du coup d‘Etat de Napoléon III, le narrateur ne prend pas parti ;il donne à entendre des slogans inconciliables ,où l'on mesure à partir de quel malentendu s'étaient unis les révolutionnaires de février 1848 Conclusion En définitive, on peut dire que L'éducation sentimentale fait, avant tout le portrait de toute une génération, celle de 1848, qui est alors en proie à une confusion générale .L'absurdité de cette parole qui tourne à vide au sein de ce Club de l'Intelligence n'est que le reflet de la bêtise idéologique qui semble régner dans tous lieux de ce genre à l'époque Avec le tableau de cette assemblée hétéroclite qui ne s'écoute ni ne se respecte et ce dialogue à deux vitesses (les envolées lyriques des orateurs sont longues et coupées par des réflexions très rapides au caractère plutôt agressif), Flaubert nous donne ici à voir un faux débat .La dimension polémique existe, certes, mais elle n'est que superficielle car elle ne repose finalement sur aucun enjeu. [...]
[...] Il le traite de calotin qui est un terme dépréciatif désignant les amis, les défenseurs du clergé .C'est donc une appellation plutôt négative , méprisante qui fait, une fois de plus , basculer le Club de l'Intelligence dans l'absurde et la bêtise puisque le fil de l'argumentation ne va pas être retrouvé. Tout le roman discrédite la parole, où, propos futiles et slogans pompeux, mais sans sens véritable, cohabitent en annulant toute possibilité de suivi dans la discussion La raideur des positions est mise en avance face à des propos radicaux, stéréotypés. [...]
[...] On peut alors étudierle texte selon deux axes. Le premier : le Club de l'Intelligence est un théâtre burlesque de la Bêtise idéologique, on voit donc par là Flaubert montrer son scepticisme quant aux entreprises politiques de son époque. Et le second : une parole errante mise en scène par la judicieuse juxtaposition des différentes sortes de discours (direct, indirect, indirect libre, narration) Notre extrait commence donc au cours du discours du patriote qu'on a vu ,quelques lignes avant le début du passage étudié , se préparer à prendre la parole et ceci d'une manière assez théâtrale Il parcourut l'assemblée d'un regard voluptueux , se renversa la tête et enfin écartant les bras Toute prise de parole, au sein de la narration, doit en effet être préparée .Le locuteur se met en place et, la parole étant liée au corps, sa préparation calme, mais en même exaltée, préfigure les propos qui vont être tenus .Dans cette situation favorable au discours qu'est le Club, cet homme va pouvoir exprimer ses idées, chercher à éblouir la foule. [...]
[...] De plus, la proposition qu'on l'avait provoqué montre bien que ce qui importe d'abord, c'est le côté réactionnaire .L'affrontement paraît obligatoire, presque vital ; ici le citoyen en rajoute amplement .En utilisant le verbe croire Flaubert signale clairement que le maçon détourne la vérité pour créer l'événement : une sorte d'événement, et cela en priorité. L'emploi du générique on souligne le fait que l'attaque dont se croit victime le maçon n'est pas réellement fondée ; puisque le on rend flou le provocateur présumé. Le syntagme verbal vomir des injures a une forte connotation péjorative, puisqu'il rabaisse le maçon au statut d'animal, ou de sous-homme qui déblatérerait des paroles sans en maîtriser le sens. [...]
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